1/ La question de l'identité « solaire ».
Le besoin de l'identité personnelle se fait d'abord sentir à travers
des manques, des insatisfactions, des illusions sur ce qu'on devrait être. Plus
les aspects du thème sont intégrés, plus le soleil donne sa véritable mesure,
plus l'identité réelle se fait jour. Comme le laisse entendre Rudhyar, Saturne
et la lune sont si structurants que, sans un appel puissant de l'intérieur,
l'ego peut se développer et s'accaparer la gestion du thème entier, dans la
mesure où il ne reviendra au soleil qu'une vague détermination conforme au
signe natal. Cette détermination solaire générique est d'ailleurs remplie de
compulsions potentielles, qui peuvent aboutir à des complexes, si le moi spirituel
ne se développe pas. On peut ainsi parler d'addictions à l'action, à la
possession, à la versatilité, à l'émotion, au culte de soi, à
l'instrumentalisation du temps, à l'idéalisation relationnelle, à la recherche
d'intensité, à la réussite sociale, à la rigueur mentale, à la différenciation
forcée, et à l'holisme primaire et confus, magique, en suivant l'ordre des
signes, si le soleil est trop faible.
Jusqu'à présent, il est de bon ton de présenter Uranus, Neptune et
Pluton comme des agents transformateurs de la psyché, mais, étant donné que
tout le monde ne suit pas ces influx transcendants, force est de constater
qu'on peut considérer le soleil natal comme le point d'émergence à travers
lequel la personne humaine accepte de se transformer, en en payant le prix, à
travers des épreuves qui garantissent la perte de certaines illusions, et
l'accès à un autre type de conscience, beaucoup moins centré sur les
identifications émotives et socio-culturelles.
Mais le soleil générique ou subconscient retient l'essor individuel, de
telle manière que la transcendance ne soit imposée à personne, et qu'elle donne
à chacun selon ses mérites les satisfactions qu'elle seule peut procurer.
Autrement dit, la plupart des êtres humains se contentent des qualités les plus
grossières de leur signe solaire, et qui vont toujours avec leurs travers
correspondants. Se libérer de ces travers ou compulsions permet de jouir d'un
« soleil » différencié et d'agir concrètement sur la transformation
des aspects astrologiques, grâce à une aspiration de lumière qui vise la
béatitude spirituelle, le détachement vis-à-vis des événements, peu ou prou
malléables à souhait. On ne peut donc pas confondre l'aspiration à être et
l'aspiration à vivre. L'aspiration à être est radicale, l'aspiration à vivre se
soumet à ce que le non-moi présente pour en tirer le meilleur parti. De même
l'être trouve sa satisfaction en lui-même et n'est donc pas fait d'une somme
« d'appartenances à », qui ne sont que des liens avec le non-moi. Le
moi, le sujet peut découvrir une conscience infiniment plus profonde par
l'aspiration à l'être que par l'aspiration à vivre. Il est donc sain de
ressentir parfois des antagonismes entre les exigences de la vie et celles de
l'être, et c'est la raison pour laquelle un terme spécial a été dévolu à la
procédure qui privilégie l'être, la voie, la quête, la sadhana, la
consécration.
On considère que le soleil involue l'aspiration au Divin, ou la volonté
transcendantale, qui n'est pas active, mais tournée vers le déchiffrage
permanent des contenus psychologiques, qui permet le jeu de la
« connaissance ».
Il est parfois évident que les compulsions solaires s'accrochent à
l'ego qui ne veut ni du soi, ni du Divin, ni de l'intégrité parfaite, et nous
pouvons alors considérer, au contraire, que l'éveil implique la
transformation de ces survivances dynamiques propres au signe de l'anniversaire
du sujet. Cette volonté de dépassement comporte des épreuves initiatiques,
nécessaires pour aboutir à une conscience plus limpide, et réceptive aux influx
divins. Si Mercure et le soleil occupent le même signe, la puissance de
l'élément est certaine, mais cela ne veut pas dire qu'elle est consciente. La
preuve, le besoin d'action et d'affirmation du soleil en feu emprunte toutes
sortes de routes, où la vanité peut jouer un grand rôle, le culte de la
relation et l'intention de trouver de l'harmonie, par principe, emmène les
signes d'air souvent plus loin que là où ils peuvent se rendre impunément, les
soleils en terre doivent presque toujours rectifier leur positionnement pour ne
pas sombrer dans « la conquête du quotidien » à travers des
procédures pratiques censées permettre le contrôle des besoins matériels, ce
qui absorbe par trop leur esprit, et enfin, il est peu probable de rencontrer
des signes d'eau qui échappent à la tentation de « se faire du
cinéma » avec leurs émotions.
L'hypothèse à retenir est donc très intéressante : Vu sa nature,
le soleil confère à son élément à la fois une puissance « générique »
qui oblige à l'identification avec les propriétés de cet élément, et un
potentiel transcendantal, qui permet d'une part l'accès à soi-même par la
transformation des aspects du thème, et d'autre part une épuration de l'élément
en question. Autrement dit, au risque de caricaturer pour imposer l'idée directrice,
c'est avec les qualités de l'élément du signe solaire que nous avons le
plus de chances de nous y prendre correctement pour transformer le thème en
entier. Cette théorie pose à nouveau deux questions, cet élément est-il
vraiment disponible, d'une part, et d'autre part, son maître contribue-t-il à
le dévoiler, l'accentuer, ou au contraire l'étouffer ?
Le signe solaire n'impose pas nécessairement la puissance de son
élément si seul le grand luminaire l'occupe. En effet, Mercure peut flanquer à
droite ou à gauche, dans un autre élément, le soleil, et donc, si ce dernier
est le seul représentant de l'élément, une investigation est nécessaire. On
peut tout à fait supposer qu'il existe de faux Bélier en quelque sorte, par une
combinaison extrême, seul le soleil est en feu, et Mars, par exemple se trouve
en Balance, et avec un Mercure en Poissons ou Taureau, si le soleil n'est pas
combiné à un aspect majeur, que va réellement devenir le feu ? On peut se
poser cette question pendant des heures, avec d'autres exemples également, et
voir vraiment ce que j'ose appeler les « contraintes de
l'incarnation ». Même si la personne éprouve beaucoup de difficultés, elle
devra trouver le chemin de l'émergence du signe, c'est-à-dire trouver les
qualités de son élément, même si cela se présente comme un supplice de
Tantale... Oui, il y a des cas où, pour prendre des raccourcis, on peut parler de
faux Bélier, de faux Poissons, etc, et voir des individus affublés d'un signe
solaire si faible qu'ils vivent plutôt les compulsions de l'élément ou de la
planète maîtresse, donc on doit toujours en revenir, comme le fait Arroyo, à
l'équilibre du thème, et ne pas se laisser berner par les additions de
planètes, car tout communique, et que nous remontons toujours vers l'unité. Un
soleil qui fait bande à part, en quelque sorte, cela peut devenir une source de
souffrance, non ? En revanche, et c'est ce que je voulais dire, l'énergie
de l'élément est forcément disponible, il suffit donc d'apprendre à la
recevoir, à l'utiliser, à la recycler, mais sans conscience, hé bien le sujet
se rabat sur l'Ascendant ou un élément fort, et le pauvre soleil reste
orphelin, à réclamer parfois quelque chose qu'on ne sait pas lui donner, ou de
manière exagérée et compulsive tous les trente-six du mois. Un soleil faible
pose la question d'un déficit d'identité, déficit qui est parfois
« conscientisé », et la meilleure chose à faire est naturellement de
développer l'essence de l'élément. Bien sûr, ces éléments sont en amont des
éléments physiques, ce sont des archétypes puissants et moteurs, auxquels on
peut prêter une forme d'intelligence.
En ce qui me concerne, les ramifications du soleil me parlent beaucoup,
parce que je cherche l'individu, et je trouve plus aléatoire mais plus
intéressant de tourner autour du soleil et de son intégration que de parler de
(mars-vénus) ou (jupiter-saturne). Car si l'on peut mesurer l'action d'une
planète, mesurer celle du soleil est impossible : tout dépend des prises
de conscience du moi concernant sa propre vie, son expérience, donc, et ses
« représentations », qui vont forger son expérience par le choix des
actes et leur interprétation.
Alors, tant que Soleil, Mercure, et Vénus, ne sont pas réconciliés, la
conscience individuelle manque d'unité, et l'on peut déjà évoquer une
réconciliation, car les éléments écartèlent l'éther primordial chacun dans une
direction, et ils possèdent donc chacun une force centrifuge qui leur est
propre. Alors les éléments ne font pas bon ménage entre eux si la conscience ne
s'en mêle pas, et il est rare que les trois significateurs subjectifs soient
dans le même signe, et même s'ils le sont, ils peuvent former des carrés, des
quinconces, des oppositions, à d'autres fonctions, aspects qui posent la
question de la complémentarité des éléments en jeu.
Dans l'absolu, en oubliant l'image réductrice du thème natal, Vénus
doit autant se tourner vers le soleil que vers Mars, et Mercure
également ; il doit même dépendre davantage du soleil que de Jupiter,
raison pour laquelle, personnellement, je dénonce la complémentarité
« topologique » de Mercure et de Jupiter, qu'on traite en couple, à
cause des axes 3/9 et 6/12, comme si Mercure se bornait à compléter Jupiter, ce
qui n'a de sens que sur le plan socioculturel. Cela ne tient pas compte de la
singularité de Mercure. Il accompagne le soleil, avant tout autre chose, et
crée des relations par la conscience, pensée ou raisonnements, dans l'absolu.
Qu'il soit posté en face de Jupiter dans le zodiaque originel tient aux
nécessités de la disposition, dans l'espace, avec le maximum d'économie et de
pertinence, des forces en question. Mais sans Jupiter, Mercure continue
d'exister, en quelque sorte, comme le soleil, sans la lune (il paraît qu'elle
pourrait changer de volume au cours des milliards d'années d'évolution)
persiste.
Donc, tout simplement, si tout s'équilibre, toujours considérer que les
forces de lumière sont les plus subjectives, soleil-mercure-vénus, et que là,
nous disposons de toutes nos ressources, de toute notre imagination
personnelle, de toute notre aspiration, pour découvrir, en tant qu'individus,
en tant que sujets, d'autres lois que celles issues de la matrice sexuelle
(mars-vénus) et de la matrice écologique (jupiter-saturne). On énonce la même
chose dans de nombreux enseignements contemporains issus de chanelling, mais
mener une désidentification qui ouvre la perception dite cosmique, pose
des problèmes au moi. Il est nécessaire de briser la manière naturelle et
presque imprescriptible par laquelle le moi est relié au non-moi en se projetant
sur lui, il faut donc transformer le fonctionnement des énergies du thème
natal, dont beaucoup de matériaux nous accrochent à la perception du
non-moi... Comme s'il faisait partie de nous-mêmes, alors que c'est naturellement
l'inverse.
Il s'agit donc de s'objectiver dans le Tout, devenir l'objet de la
totalité, et non d'intérioriser l'extérieur comme s'il nous appartenait, ce à
quoi nous invite la nature animale, la lune, le subconscient, le mensonge du
mental, qui ne veut pas remettre en question le moi dans les situations
néfastes, mais s'acharne contre l'autre ou le non-moi. Rappeler ce procédé est
nécessaire, car nous le retrouvons dans tous les vrais ésotérismes (oui, il y
en a de faux), et que le supramental continue inlassablement le travail de « désappropriation »
du réel, qui, en revanche, s'offre d'une manière incomparablement plus complète
à la vision intérieure.
Oui, il est possible de dépasser la conscience générique, et c'est même
cela que veut le Divin supramental, soulever l'homme au-delà de son espèce.
Donc, comprenons que les résistances sont du côté obscur, de Mars à Pluton, et
que le potentiel, le carburant, est de l'autre côté, Vénus et Mercure, qui
encadrent le soleil. Du côté galactique, les matériaux peuvent être forgés, les
planètes utilisées, bien que cela se corse à partir d'Uranus, mais les moteurs
sont la Pensée (Mercure), l'Intention parfaite (Vénus) et le soleil
(L'identité). On ne peut pas séparer ces choses-là, et l'humanité souffre parce
que Mercure se met au service de Jupiter, soumis à Saturne, et qu'il finit par
faire des comptes d'apothicaires en surveillant le tiroir-caisse ; tandis
que Mars soumet Vénus, et confond sexualité et amour, ce qui n'est pas
forcément incompatible, mais ce n'est pas la même chose.
Néanmoins, un équilibre est possible, car Mars complète Vénus, parce que
Jupiter est bénéfique, et parce que Saturne, bien qu'impitoyable, peut être
transformé par Uranus, Neptune et Pluton, à condition qu'il contribue à l'essor
du soleil, ce qui ne peut se faire que de l'intérieur, par la volonté de se
soumettre au Divin, ou d'évoluer conformément aux principes divins, s'il est
nécessaire de conserver une certaine autonomie dans la phase préparatoire au
Supramental.
Donc, vivre son soleil, cela entraîne une véritable révolution, et ce
n'est pas tout le monde qui se jette à l'eau. Les résistances sont
obligées : Lune et Saturne ne collaborent qu'à des changements jugés
d'avance bénéfiques, et justement, dans la voie spirituelle radicale, on ne
sait pas ce que l'on va « récolter » tandis qu'on abandonne un tas de
choses, alors... (Voir l'agenda de Mère).
Oui, il y a une homogénéité du thème naturel, qui marche bon gré mal
gré, et il y a, au-delà, une autre manière de vivre le thème natal, mais il
faudra briser le cercle, c'est le cas de le dire, du fonctionnement
générique... Et, entre parenthèses, le cercle est parfois brisé de l'extérieur,
parce que Pluton s'amuse, il a le droit lui aussi de plaisanter, et de nous
mettre le nez dans notre caca comme à de jeunes chiots qui ne veulent pas
devenir propres. (Je personnifie pour aller plus droit au but, je ne prête pas
d'intention consciente à Pluton, mais là où il se trouve, il faut se dépasser,
et ça passe of course par de la souffrance).
Une étude plus précise pourrait également montrer que le mélange de
crises intérieures et d'influx infligés par les transits « lourds »,
prédispose à voir surgir au sein de l'ego, comme stratégie brute d'adaptation à
une réalité insoutenable, des mouvements inconscients profonds, propres aux
caractéristiques les plus négatives des planètes maîtresses des signes
solaires. Les régressions seraient à double tranchant, jetant dans le
« mal » en quelque sorte l'ego, tout en lui donnant envie d'en
sortir, dans une sorte de jeu de rôles cosmique, poussant l'usage du libre
arbitre dans ses retranchements. Par mal, nous entendons toute forme de
retour en arrière vers des positions psychologiques morbides, fermées au Divin,
plaintives ou arrogantes (yin ou yang), dans lesquelles le subconscient joue un
rôle prépondérant, tandis que le moi se sent dépossédé de la joie de vivre et
de celle de se parler à lui-même. On peut d'ailleurs supposer que l'énergie de
Saturne « récupère » les préjudices, et transmet au corps physique
toutes sortes de manifestations perverses qui peuvent amener des maladies.
(Tout transit de Saturne dans une maison natale possède une portée médicale,
avec le risque d'une atteinte aux organes correspondant au signe ou à son
maître).
Les régressions semblent elles-mêmes obéir à quelques lois, mais pour
le moment, la psychologie et la neurobiologie sont encore des domaines trop
séparés pour qu'elles puissent être établies. Cependant, des auteurs comme
Janov (La biologie de l'amour) cherchent les règles de la « mécanique du
cerveau » et évoquent des circuits, des blocages, des verrous,
c'est-à-dire finalement des catégories d'automatismes qui relient le moi
conscient de lui-même à des procédures qui le dépassent, en aval, où la vieille
nature animale interprète à sa manière les déficits de la conscience elle-même.
De Freud à Henri Laborit, toutes sortes de recherches tentent de
découvrir les « canevas » des états de conscience qui dérivent de la
norme, ou du sentiment naturel qu'on appelle santé mentale, ou accord avec
soi-même. Quand on connaît l'astrologie, on peut traiter cette question
facilement en étirant les propriétés planétaires de leur plan inférieur au plan
supérieur, et, si l'on relit attentivement Rudhyar, on se rend bien compte que
toute son œuvre tourne autour de cette question.
Chaque fonction planétaire est à la fois la meilleure et la pire des
choses selon la manière dont elle est vécue, puis transformée, et nous
affirmons même qu'un être humain qui se transforme, parce qu'il affronte
consciemment les énergies planétaires, parvient à ne plus redouter Saturne ni
Pluton, ce qui en fait vraiment un « être à part ». Une bonne part de
l'astrologie événementielle repose d'ailleurs sur la peur de Saturne, d'Uranus,
Neptune et Pluton, comme s'ils ne manifestaient leur puissance que pour
« humilier » l'être humain, alors qu'au contraire, ces énergies sont
là pour nous faire grandir, encore faut-il les accepter, et donc, en premier
lieu, comprendre qu'elles imposeront des phases d'apparence négative, qui
servent à réveiller l'intention de les utiliser. Les régressions peuvent mettre
à jour des « empreintes », d'habitude enfouies, et les voir ressurgir
permet de les nettoyer, si l'on comprend que leur retour peut avoir ce sens-là,
ce qui n'est pas transmis dans l'éducation. Au contraire, l'on craint les
« crises », alors qu'elles permettent justement de remonter à des
événements qui ont laissé des traces, susceptibles de pervertir la sensation du
présent.
Si nous remontons toujours du multiple vers l'unité, nous pouvons
établir quelques catégories souples pour aborder le problème des
« survivances dynamiques » qui entravent l'accès à la conscience
supérieure, soit par leurs résidus passifs, mais empreints d'une certaine force
d'inertie, soit par leur activité parasitaire permanente, soit par leur retour
récurrent, lors de « passages à vide ».
L'alcoolisme (et les phénomènes d'addiction du même genre) semble
revenir plutôt à l'élément eau (et à Neptune), la manipulation de l'autre au
feu (ou à Pluton et Saturne), le matérialisme cynique à la terre (ou à Pluton),
la fuite en avant à l'air (ou à Uranus), alors que l'obsession sexuelle est
souvent compensatoire de n'importe quel déficit chez les hommes. Dans les
phénomènes de « déni », Saturne est toujours présent, aussi faut-il
insister sur la réhabilitation de Mercure, qui se laisse facilement emporter
par Saturne dans l'obscurité.
Il existe de nombreuses combinaisons possibles, où les faiblesses
s'épaulent, et l'on peut alors envisager que soleil, mercure et vénus, qui
fondent à l'intérieur du moi une identité de lumière en coopérant, ont été
divisés, montés les uns contre les autres, jusqu'à ce que le cerveau perde ses
capacités de synthèse, et que les fonctions limbiques et reptiliennes
escamotent le pouvoir du cortex, ou le forcent à des prises de position
dérivées de son usage normal. L'organe cesse alors de moduler l'interprétation
du moment tel qu'il se présente, et des nœuds, des complexes, des obsessions,
aspirent le maintenant dans des « modèles » préétablis, avec des significations
indépendantes de ce qu'il contient en réalité.
Nous ne devons pas non plus oublier que les « bénéfiques »,
Vénus et Jupiter, deviennent négatifs quand ils sont en excès, puisqu'ils
monopolisent l'énergie du sujet et créent des attachements. De la même manière,
un travail conscient sur les « maléfiques » de l'ancienne astrologie,
les rend bénéfiques. Mars peut être nettoyé de la colère et de la violence, de
l'appropriation brutale, et Saturne, contrebalancé par soleil, Jupiter et
Neptune, accepte de plus vastes horizons sans renoncer à la rigueur. La
fonction lunaire, dans tous les cas de figure, demeure celle qui se salit le
plus facilement, car la plus perméable à l'ici-maintenant, qui n'a pas lieu
d'être conforme par principe à ce que l'on attend de lui.
Toutes ces opérations régressives (ou conflictuelles si l'on dérive le principe
des antagonismes élémentaux ou planétaires) sont parfois automatiquement
gérées, et les substances chimiques nouvellement brassées jouent alors un rôle
prépondérant dans la perception, jusqu'à la priver de son homogénéité
naturelle. Ce qui explique les luttes du moi contre certaines manifestations
temporaires du discours intérieur, modifié par une chimie hétérogène. Plus la
conscience du vrai « soleil intérieur » se développe, plus les
menaces des régressions s'estompent, mais nous ne pouvons pas envisager
qu'elles soient inutiles, puisque certains êtres humains ont besoin de
« toucher le fond » avant de reconnaître la transcendance.
D'un point de vue supramental, l'écrasante puissance des trois énergies
transsaturniennes fait le jeu de l'évolution, puisqu'elles permettent le
développement de la qualité d'être. Qu'une quantité faible d'individus
seulement soit « à la hauteur », fait partie du jeu cosmique, qui ne
force personne à épouser les valeurs transcendantales, mais autorise l'éveil,
car la Nature n'a pas pu enfermer dans son moule l'être humain, ce qui le
distingue du monde animal. Il y aura toujours des humains pour lesquels être
sera plus important que vivre, parce qu'ils possèdent une intuition de la
légitimité absolue de la Conscience, qu'ils veulent incarner au-delà des
limites de la nature, encadrée par la peur et le désir. Les possibilités de la
conscience ne peuvent donc être définies ni limitées par personne, car elle
prend sa source en Satchitananda, qui, par la consécration exhaustive, peut
être rejoint pendant l'incarnation.
En revanche, quand le pas vers l'éveil a été accompli, il faut
s'attendre à passer par des épreuves qui « testent » la véritable
intention du moi à changer de plan, puisqu'il prétend désormais vivre pour le
cosmos plutôt que pour l'Histoire, vivre en reconnaissant le besoin d'unité
exhaustive, plutôt qu'en accumulant quelques petits bénéfices hétérogènes de
différents ordres, qui ne suffisent pas à combler le moi. Et, comme le disent
les maîtres, on ne peut pas remplir un récipient sans le vider, c'est-à-dire
qu'on ne peut pas à la fois conserver l'état d'esprit archaïque et s'approprier
l'état transcendant. L'univers ne peut pas installer une fréquence vraiment
nouvelle de perception sur un vieux transistor, alors le fonctionnement du
cerveau doit changer, c'est-à-dire que les préoccupations doivent être
entièrement revues.
Tant que toute la conscience n'est pas tournée vers la totalité, comme
mystère, origine, et fin, en quelque sorte, le mental fonctionne toujours dans
les mêmes zones d'appropriation du réel, et il est nécessaire de l'ouvrir à ce
qu'il ne perçoit pas encore, mais dont le moi peut deviner l'existence, et,
contrairement à ce que pense la majorité des êtres humains, il n'est pas du
tout pénible de vivre en suspendant continuellement son jugement sur les choses,
le temps de voir se former de vraies réponses, de vraies interprétations, qui
ne soient pas le seul prolongement des habitudes de pensée et des critères
préétablis sur la « valeur » des comportements, des actes, des
décisions, et la qualité des autres, bien entendu.
C'est cette vérité désobligeante que la plupart oublie, qui cherche à
surajouter à l'ego une dimension supérieure, par toutes sortes de combines, de
pratiques, de rituels, et même de croyances en la non-croyance, qui ne
remplacent pas l'abandon au Divin, qui seul procure le lâcher prise nécessaire
pour désengrammer le « programme astral ».
On ne peut donc pas supposer que l'on va atteindre les plans supérieurs
de Vénus, par exemple, si l'on ne guérit pas sa demande d'approbation ou son
complexe d'abandon, pas plus que le soleil authentique ne peut surgir d'une
manière contrôlée de se façonner sa propre identité, dans un miroir purement
subjectif, avec de grandes idées métaphysiques, et une sorte de discipline
réglementaire qui n'entraînera pas les résistances de l'espèce à se manifester,
mais forgera un surmoi ou un ego spirituel enfermé dans ses représentations, et
non pas un moi en prise directe avec le flux du tao. De même, Saturne plafonne
en intelligence tant qu'il n'abandonne pas l'intransigeance et le sectarisme,
ou encore la « logique fermée » (la certitude d'avoir raison), comme
Mercure ne donne jamais le meilleur de lui-même en tournant les événements vers
l'interprétation la plus opportuniste, puisqu'il peut découvrir l'objectivité
pure après plusieurs années de consécration, afin de percevoir le réel hors des
attentes et des craintes.
Il semble peu hasardeux d'affirmer que développer les propriétés
supérieures des fonctions psychologiques, les planètes et luminaires, ne sert à
rien de radical si leur côté obscur n'apparaît pas pour être transformé.
Greffer de l'amour authentique sur de la demande d'approbation, ou de
la rigueur pure sur du calcul de bas étage, ce ne sont pas là des exemples de
transformation, mais des leurres qui exploseront devant une vraie crise, un
échec véritable ; néanmoins, une grande partie de l'humanité se donne le change
en cultivant des qualités qui disparaissent dès que la situation lui échappe.
Beaucoup d'hommes qui se jugent supérieurs peuvent être sujets à des colères
quasi meurtrières, et la chose va loin, puisque des gens qui se considèrent
comme des modèles moraux, sont prêts à haïr le voleur de poules la conscience
tranquille, au nom de la justice.
Comme le rappelle Janov, dans le même ouvrage, l'homme est caractérisé
par ses sentiments, qui sont des prises de position fermes vis-à-vis du
non-moi, et cela nous renvoie au couple soleil/lune, qui est rarement
harmonieux, mais également à Vénus, dont la complémentarité avec Mars est loin
d'être acquise. Si l'univers extérieur peut modeler en partie l'image de soi,
(échecs, réussites, satisfactions de s'intégrer), c'est au moi lui-même que
revient la transformation de cette image (Voir jalons, site supramental.fr) pour
laisser grandir le soleil intérieur, qui s'appuie sur l'intuition de
l'évolution psychologique, et non pas sur des soutiens extérieurs pour mener sa
quête.
Aussi, si nous voulons que les opposés deviennent complémentaires, il
est nécessaire de trouver un levier, et ce sera l'aspiration à être, qui
est prête à ne fuir aucune réalité, prête à cesser d'interpréter les événements
comme ça arrange l'ego de le faire (c'est toujours de la faute de l'autre ou à
pas de chance), prête à ressentir ce qui devrait être sans nier ce
qui est, ce qui exige un équilibrage de Vénus et Mercure, proportion
difficile à établir, et qui obéit aux faits et non aux cristallisations des
croyances et des représentations. Mais comme je l'ai déjà dit dans
« guérir par l'éveil », les planètes agissent d'abord sous le joug de
la nature, et dans ce cadre, elles préservent le moi contingent (mystère N°3)
avec toutes les armes de l'évolution, mensonge, violence, déni, colère,
intimidation, ruse, etc... Donc, la partie immergée de l'appareil psychologique
est manipulée par le subconscient, et plus nous nous intéressons à la partie
émergée, plus la résistance du dessous apparaît... Mais si l'aspiration est là,
même Pluton rassure, car il va chercher tout ce qui est archaïque, le remet sur
le tapis, et il compte les points.
L'évolution n'est pas faite pour les souffreteux, en fin de compte,
mais elle ne les appelle pas non plus. Beaucoup d'êtres humains peuvent vivre
dans un cadre étroit de perceptions et de représentations sans problème. Le
problème arrive quand Dieu commence à vouloir s'emparer d'un être humain, car
Il le harponne de si loin, que ce n'est pas évident « ce qu'il y a faire »...
Pour l'être pris au piège du besoin de la connaissance exhaustive. Pas évident
du tout. (Moi je connais un peu mieux l'itinéraire, alors je me permets d'en
parler. Le chaos est en général un ordre qui se cherche, et les cassures
psychologiques imposées par Uranus, Neptune et Pluton, permettent de changer
d'ordre, au prix, c'est vrai, de la souffrance, mais le préjugé contre la
souffrance est d'autant plus tenace qu'on ne sait pas que la souffrance est là
seulement pour être transformée. Cela n'est pas encore passé dans les valeurs
culturelles, mais ça vient, quand même... )
L'identité doit intégrer tous les aspects du thème,
donc toutes les maisons, mais il est naturel de commencer par la maison du
soleil quand on cherche une réponse au « qui suis-je ».
Si les questions ne sont pas résolues dans cette maison, le sentiment
d'identité, au lieu de venir du soleil, sera procuré par l'esprit
prépondérant d'une autre planète soumettant les autres, mais cette
substitution ne peut pas apporter les satisfactions égales à celles que le
soleil procure, quand la conscience se préoccupe de vivre l'élément et la
maison conformes à l'anniversaire de naissance.
Le « travail » sur le soleil natal s'édifie et se transforme
tout au long de la vie.
Nous pouvons établir les points suivants :
L'élément du signe solaire peut être vécu dans son essence, à
condition de vivre également les autres planètes dans le même élément. Chaque
élément représentant un quart du thème, il est probable qu'un ou plusieurs
signifiants demandent à être rectifiés. Un trigone dans un élément peut être
sournoisement amoindri, déformé, ou perverti, par un pouvoir planétaire dans le
même élément qui sera en revanche mal vécu, à cause d'un carré, d'une
opposition, d'un quinconce, voire d'une conjonction. (Il s'agit de remonter à la
quintessence de l'élément, et de dissoudre les frictions entre les facteurs
cardinal, fixe et mutable). On aura remarqué par exemple que l'eau du Scorpion
est fort différente de celle des Poissons, ou que la terre du Taureau est bien
loin de celle du Capricorne, ou encore que l'air des Gémeaux est presque aux
antipodes de celui du Verseau, mais dans la mesure où l'élément est le même,
il donne sa qualité partout, et c'est la prise de conscience personnelle
qui peut améliorer son intelligence, là où elle est détournée de sa plus saine
expression par un aspect ou une habitude de pensée.
Ce point est important, car des luttes intestines peuvent exister au
sein du même élément, il est par exemple certain que plusieurs maîtrises sont
de véritables tours de force pour incorporer la qualité d'une énergie dans un
élément, et il s'agit là des paradoxes de l'astrologie, que trop peu
d'astrologues ont d'ailleurs abordés de manière profonde. Que Mars dirige de
l'eau, par exemple, constitue un véritable défi au sens commun, mais dans les
faits, toute la symbolique du Scorpion y obéit. Mars limite l'élément eau, et
beaucoup de soleils dans ce signe souffrent parce qu'ils pressentent la
nécessité d'être vulnérables, ce qui est conforme à l'eau, mais s'en empêchent
ou n'y parviennent pas, parce que Mars interdit le vrai lâcher prise, ou mime
l'abandon sans y croire, sans s'y donner vraiment. Saturne gouverne l'air, dans
le Verseau, et il est évident que le principe de cristallisation appliqué à la
volatilité de l'élément subtil est paradoxal, ce qui débouche également sur une
symbolique propre au signe, qui mélange distance et spontanéité dans une
manifestation imprévisible, souvent insoutenable pour l'autre, tandis que le
sujet peut osciller entre des mouvements ouverts vers l'altérité, et des
retraits puissants. Vénus, maître du Taureau, pose la question de
l'idéalisation de la matière, et de ses nombreuses perversions, comme le culte
quasi religieux de la possession des biens matériels, ou de la jouissance
sensuelle, qui peut faire oublier le besoin de transcendance, en le déplaçant
de manière sournoise. Si l'on veut généraliser, on se rend alors compte que les
maîtres des signes fixes s'emboîtent dans leurs éléments avec une certaine
contrainte, ou difficulté, puis le soleil en Lion semble faire exception à la
règle. Après examen, il s'avère que c'est un piège de « fixer » le
feu, et c'est bien cela qui caractérise le signe, la confusion entre l'ego et
le moi, car il est très facile pour cette naissance de se forger une
« identité » qui se différencie facilement, sans imitation, et peu
sensible aux pressions extérieures. Mais « on » peut se contenter de
cela, d'une forte personnalité et d'une image précise de soi-même. Beaucoup de
Lion souffrent d'autosatisfaction chronique, en établissant trop vite ce qui
les concerne et ne les concerne pas. Cela limite leurs capacités de se
soumettre à une autorité supérieure, condition nécessaire, par exemple, par
rapport au Supramental.
Il est tout à fait possible de toujours mieux harmoniser non seulement
les éléments entre eux, mais les forces de chaque élément.
Par les maîtrises,
Mars indiquerait un passage, ou une affinité possible, entre le feu et
l'eau,
Vénus, entre la terre et l'air,
Mercure, entre l'air et la terre,
Jupiter entre le feu et l'eau,
Saturne entre la terre et l'air.
Les qualités essentielles des éléments sont les suivantes, et elles
peuvent se manifester quand le thème entier est investi, transformé, et que
l'âme cherche à libérer la psychologie générique.
LES QUATRE TYPES D'EXPÉRIENCES.
Le feu : élan, enthousiasme, reconnaissance,
volonté, détermination, engagement, intuition de l'amour, esprit d'initiative,
habileté au mouvement, affinité avec la capacité de décider.
Apprendre à travers les actes.
La terre : persévérance, sérieux, minutie,
acceptation de l'effort, discipline, réalisation concrète, amour de l'ordre,
rigueur, compréhension des processus hiérarchiques. Affinité avec la capacité
d'établir.
Apprendre à travers les faits.
L'air : disponibilité, analyse des possibles,
qualité relationnelle, reconnaissance de la liberté, ouverture d'esprit,
largeur de vue et tolérance, exploitation inventive des pouvoirs de
l'abstraction, intuition du nouveau ou du futur.
Affinité avec la capacité de mesurer.
Apprendre à travers les idées.
L'eau : empathie, connaissance par identité,
esprit de synthèse, sentiment de solidarité de toute la création,
prédisposition innée au savoir psychologique, art d'interpréter les
coïncidences.
Affinité avec la capacité de ramifier.
Apprendre à travers les émotions.
Synthèse du Moi Solaire.
Passé l'adolescence, la capacité de l'identité à devenir vraiment
synthétique augmente, c'est-à-dire que, pendant un certain temps, on peut
accumuler des fonctions séparées et finalement se contenter d'être écartelé
entre différentes fonctions, mais plus on avance, finalement, plus l'identité
aspire à une vraie synthèse, et même plus, à une unité; c'est-à-dire à ce que
tout fonctionne conformément à ce que l'on est, dans tous les secteurs, sans
luttes intestines.
On peut vivre un certain temps sans relier l'ensemble des fonctions,
tout en les laissant agir, là où elles se manifestent, et vivre grosso modo
et empiriquement le soleil dans sa maison, vénus dans son élément, etc... La
nature se charge de tout cela, il y a parfois des conflits, mais la nature
gère, elle nous envoie vers l'image de nous-mêmes là où il y a le soleil, nous
fournit une certaine conception de l'éros là où il y a vénus, du désir d'action
là où il y a mars, elle nous renvoie à une certaine sensibilité épidermique là
où il y a la maison de la lune, on y est très réactif aussi, ensuite le
comportement saturnien, hérité, etc. Mais ce qui est très intéressant, c'est
qu'à un moment donné, il y a une exigence qui pointe dans l'individu, et ces
fonctions relativement séparées sont appelées à apporter davantage de ce qu'en
sanskrit on nomme « ananda », plus de béatitude, et la béatitude
c'est Solaire ! Mais il faut rassembler les pouvoirs psychologiques, qui
se dispersent avec une force centrifuge à l'affût des objets correspondants.
Donc, il est nécessaire de faire le point, rassembler, revenir, souvent faire
machine arrière sur l'origine de certains mouvements, et c'est ainsi
qu'on trouve en soi une force centripète, qui ramène au centre, et c'est le
chemin de l'identité véritable, qui a digéré, intégré tous les événements, et
qui prend les choses pour ce qu'elles sont.
Le Soleil, c'est en quelque sorte le contraire de Saturne. Avec
Saturne, on va vers la lumière mais à travers des souterrains, des contraintes,
des disciplines, des efforts, des difficultés, des épreuves. Tandis que le
monde solaire, c'est la jouissance de la conscience, ni plus ni moins.
Donc, si la conscience est réconciliée avec elle-même, et avec le monde
extérieur, c'est le soleil intégral, à ce moment-là, c'est le soleil uranien,
qui n'est pas encore à la portée de tous... Parce qu'on ne peut pas tricher, on ne
peut pas escamoter avec l'organigramme du thème. Donc, à un moment, tout ce qui
apparaît au départ, comme frustrations, manques, souffrances, douleurs, manque
à gagner, présence de l'absence, n'a pas d'autre valeur que de diriger vers la
future jouissance solaire. Cela commence éventuellement par une dépression, il
y a un vide et s'il n'y avait pas la création de ce vide, il n'y aurait jamais
de cheminement pour l'abolir, alors, dans ce sens-là, toute souffrance, toute
limite est divine par définition.
2/ L'image de soi(séminaire Mars 2001).
Chers amis,
je vais continuer à vous montrer
comment notre vie peut simultanément devenir meilleure et plus conforme à ce
que le Divin attend de nous. Je tiens à cette expression « vous
montrer », car il ne s'agit pas de vous donner une énième explication sur
les merveilles divines ou encore de vous inciter à un travail dont vous ne
comprendriez la méthode qu'avec la tête. Je vous montre, et si vous regardez
vraiment dans cette direction, vous verrez nécessairement l'objet que je
désigne, tout de suite pour certains, plus tard pour d'autres. Ce qui
m'autorise à aborder ce sujet, ce sont les perpétuelles métamorphoses que j'ai
subies depuis janvier 1977, où j'ai été transporté dans la lumière et l'énergie
supramentales. Depuis cette époque, je suis « travaillé» comme du métal à
la chaleur, et je tiens à vous transmettre une partie de cette expérience.
L'objet que je veux vous montrer est simplement l'image de soi.
C'est pour avoir moi-même
collectionné une bonne dizaine d'images de moi-même non seulement différentes
mais parfois contradictoires, que je me sens aujourd'hui expert en la matière.
Les circonstances de la vie m'ont
forcé à changer, parfois du jour au lendemain l'image que je me faisais, et
c'est dans cette série de deuils permanents que j'ai vu naître un moi
incoercible, détaché des points de vue gratifiants ou dévalorisants. On en
revient encore à la symbolique du soleil et de la lune...La lune c'est tout
cet événementiel concret qui va nous pousser à nous enorgueillir quand tout
marche comme sur des roulettes, ou à nous dévaloriser par exemple à la suite
d'échecs consécutifs. Vu le passage de la durée, les deux pouvoirs coexistent,
et notre identité solaire, idéale, purement spirituelle, est sans cesse
confrontée à l'épreuve des faits. C'est là que se joue le façonnage permanent
de l'image de soi pour ceux qui savent avancer. Pour les autres, l'image de soi
est fixée au départ et le moi n'en démord jamais, quoiqu'il lui arrive.
J'ai traité cette question
dans « astrologie supramentale », où je fonde que pour l'humain
ordinaire, il n'y a là aucun mépris, mais c'est un fait, l'identité et l'image
de soi ne font qu'un, et il n'y a donc pas de levier pour les mutations
psychologiques. Accepter de se remettre en question, c'est reconnaître la
friction entre le moi et le non-moi, la dialectique entre le soleil qui veut,
et la lune qui reçoit, s'adapte, reconnaît la pertinence du concret, et avec
elle, la pertinence souvent impertinente des émotions.
Mes recherches en astrologie m'ont
amené à voir que le sujet, c'est-à-dire vous, entretient vis-à-vis de lui-même
une relation lâche, au sens par exemple d'un nœud qui peut être lâche, mais
parfois au deux sens du terme évidemment. La notion même de compromis, puis de
trahison, provient de l'aveu de cette élasticité effarante que le moi peut
entretenir vis-à-vis de lui-même - quelles qu'en soient les raisons (peur,
fatigue, culpabilité, désir délirant, etc... ) Les chinois nous enseignent
depuis longtemps (le peuple de la lune, disait Mère) que les événements ont un
impact formidable sur notre structure d'identité et une grande part de leur
médecine part de là: trouver ce qui dérègle l'énergie de vie, aller chercher
les conflits dans les événements qui dérangent la nature.
Chez nous, un événement négatif
est considéré comme humiliant car le culte de l'individu est porté à son
comble, et toute notre civilisation se nourrit du fantasme de tout contrôler,
ce qui agace tout oriental attaché à ses racines. On voudrait donc que la vie nous
obéisse, et tout événement positif nous flatte dans le sens du poil et entoure
notre satisfaction de gloriole, flagornerie, vanité - ce que l'on confond
d'ailleurs avec l'intégrité du moi, qui est bien plus profonde et réellement
détachée des événements. L'éducation du « réussir » a créé une
société sans générosité, sans solidarité, et aujourd'hui cette société menace
la planète entière.
Comprendre
et être constituent un autre
apprentissage où l'éthique est cosmique au lieu d'être sociale. Fonder son identité
sur la seule participation sociale est un procédé archaïque que les grands
esprits de ce siècle ont dénoncé, en particulier Krishnamurti, Dane Rudhyar, Sri
Aurobindo, sans parler de Jung, dont l'œuvre assez inégale ouvre quand même
des portes sur les mystères de la conscience.
Le moi n'est pas seulement ce
qu'il pense de lui-même.
Il ne se voit pas dans son
ensemble, puisque de nombreux mécanismes subconscients interfèrent aussi bien
dans l'état de veille que dans le sommeil. L'aveu d'un Tout plus grand que la
somme de ses parties parfois cachées, voilà ce qui fonde le moi spirituel: je
suis autre chose que ce que je crois être, sous-entendu j'ai un potentiel,
j'ai des conflits, des incertitudes, des choses à régler ou à comprendre.
Quand la vie nous renvoie une
image de soi très satisfaisante, comme si nous savions que cela ne peut pas
vraiment durer, nous en profitons pour nous enivrer. On a raison de le faire,
car l'ananda, la béatitude, est un état de conscience naturel, et il n'y a pas
de raison d'y renoncer. Mais les moyens de l'obtenir et de le conserver ne
peuvent pas être fondés sur une vision étriquée du cosmos ni sur une vision
fausse de soi-même. Non, le monde ne sera jamais à nos pieds, quoiqu'on fasse.
Quand la vie nous blesse, elle nous montre abruptement nos limites et voilà que
le miroir nous renvoie une Image (de soi) sale, grise, catastrophique,
odieuse, bref, le moi en a pris pour son grade, ce qui affecte la santé de
notre être psychologique et peut déteindre d'ailleurs sur le physique
(perturbations émotionnelles, angoisse, dépression, etc... ).
Vous
commencez donc à voir où je veux en venir. D'une part apprendre à se voir d'une
manière plus objective, d'autre part s'ouvrir à subir des contrastes
beaucoup plus marqués entre l'image de soi qui se présente sous un profil
truqué, et la réalité des faits, qui montrent que nous sommes plus obscurs,
plus inconscients, plus égoïstes, plus avides ou plus peureux que ce que l'on
croyait..
C'est grâce à l'astrologie que je
me suis rendu compte que chaque individu entretient de lui-même une image si
subjective qu'elle est parfois fantasmée. En réfléchissant sur les signes de
naissance, je me suis rendu compte qu'ils prédisposaient souvent à entretenir -
illégalement en quelque sorte, soit une trop haute vision de soi, soit au
contraire une trop basse image. Le résultat est toujours le même: les trop yang
se surestiment et sont assez destructeurs, mais au moins, ils savent ce qu'ils
veulent. Les trop yin sont pacifiques et ouverts, mais trop vulnérables à
l'altérité, et leur moi qui se dévalorise peut manquer d'ambition aussi bien
matérielle que spirituelle. Sans compter la troisième catégorie: ceux qui sont
incapables de se forger leur propre image et dépendent de l'approbation de l'autre
pour en avoir une. Voilà clairement défini le fond du problème: l'image de
nous-même correspond rarement à ce que nous sommes d'une part et d'autre part
le regard de l'autre (schéma familial !!!) a pu conditionner au départ la
fabrication de cette image. Un enfant auquel ses parents ne font jamais
confiance risque soit de se replier sur soi, soit de faire n'importe quoi pour
se venger en quelque sorte d'être privé de responsabilité.
Schématiquement, les narcissiques
élimineront de leur entourage ceux et celles qui ne leur renvoient pas une
image aussi belle que celle qu'il possèdent déjà (et il est tabou d'y toucher,
comprenez bien ça) tandis que les masochistes, beaucoup de gens effacés,
certains rêveurs, et les dépressifs trouveront troublant et suspect qu'on les
estime, afin de pouvoir tourner en rond dans un schéma où ils seront toujours
légitimement des victimes, des laissés pour compte.
Pour le moment, je vous invite à
rectifier l'image que vous vous faites de vous-mêmes, car elle est nécessairement
aussi floue qu'une photo manquée, et ce n'est pas de votre faute. Le
subconscient se mêle au processus mental, et il emberlificote la mémoire dans
ses stocks de « sensations vécues réchauffées » qui, comme par
hasard, changent de valeur au cours du temps. Et une bonne partie de l'image de
soi provient de l'expérience, tandis qu'une autre partie, la plus intéressante,
provient de la volonté subliminale, le désir d'être intègre que les hindous
appellent le chit-tapas. C'est une force universelle, mais elle est
masquée, elle est en vous, mais si cela se trouve, vous ne la réveillerez
jamais. Qu'est-ce qui donne au christ l'audace de vouloir changer le monde et
la mentalité humaine? Cette certitude-là, celle du feu au fond de l'homme, feu
profondément enfoui, et dont il est difficile de dire s'il cherche à se
manifester davantage de par lui-même, ou si c'est au moi incarné d'aller le
chercher au fond. Toutes ces questions deviennent vite oiseuses, comme qui de
l'œuf ou de la poule a commencé.
Vous pouvez abandonner les images
de vous-mêmes collectionnées dans votre album de photos, et vous dire que le
Divin se moque que vous soyez narcissique ou l'inverse - ce qu'il
demande est en réalité tout simple, mais c'est ce qu'il y a de plus difficile à
réaliser.
Le Divin demande seulement que
chaque jour vous soyez capable de remettre en question tout ce que vous croyez
être, tout ce que vous croyez défendre, et tout ce que vous
« voulez » devenir. Ce serait suicidaire s'il n'y avait pas ce
chit-tapas en chacun, car on partirait dans une aventure d'où s'élimineraient
tous les points de repère et on pourrait se demander ce qu'il en reste. Mais on
tombe forcement sur des couches de conscience universelle quand le travail
s'effectue, et la preuve que c'est universel, c'est qu'on se reconnaît l'un
l'autre quand on traverse le même bain. Les événements permettent une
rectification constante, et ce n'est pas la peine de se forcer à réviser sa
propre image par principe.
Il apparaît SANS CESSE des
« décalages » instructifs entre la volonté d'être et les résistances
du monde, les réactions relationnelles, les opportunités, l'aboutissement de
nos « intentions ».
En ce qui me concerne, je
m'aperçois avec le recul que le Divin a brisé les images de moi-même que je me
fabriquais, quand c'était nécessaire. Du jour au lendemain, il n'est plus rien
resté de l'image du yogi parfait qui s'était formée au bout de sept ans de
service exemplaire (sadhana). En sens inverse, j'ai bénéficié d'un bon et vrai
contact avec la force supramentale dans des périodes où je m'en voulais de ne
pas vouloir servir totalement, comme je l'avais fait auparavant. Le programme
« homme » était remonté à la surface, avec des exigences que je ne
connaissais pas ou croyais avoir dépassé, et j'avais un peu de mauvaise
conscience de « vivre ma vie ». Mais dans les faits j'étais heureux,
et le supramental était toujours au rendez-vous.
L'image de soi tourne autour des
axes des instances psychologiques les plus profondes, culpabilité, demande
d'approbation, besoin d'anticiper l'avenir (je me vois ici plutôt que là, avec
Machin(e) plutôt qu'un(e) autre), et ce n'est donc pas un procédé simple. L'approbation
de soi-même entre en conflit assez souvent avec l'approbation de l'autre,
thème traité dans Antigone, il y a bien longtemps.. Ajoutons le besoin de
différenciation subjective qui fait que nous savons être unique, et finalement
au centre de tout, et voilà que des valeurs, des goûts, des souhaits assaisonnent
cette image de soi - qui devrait être tout d'abord un fidèle miroir de
l'identité. Or, cela ne fonctionne pas ainsi, car dans l'image de soi,
il y a aussi de la volonté solaire, le besoin d'élévation, et donc on
triche facilement en se considérant comme supérieur à ce que l'on est vraiment,
pour préserver l'image..
L'ANGE ET LE FANTÔME!
L'image de soi est au début partie
prenante de l'identité, il faut ensuite l'extraire et la transformer, et c'est
un travail délicat, car un fantôme et un ange apparaissent.
Au départ on ne voulait que de
l'ange évidemment, alors quand le fantôme apparait, et qu'il s'avère qu'on
n'est pas aussi bon, désintéressé, courageux, intelligent, que ce que l'on
croyait, il faut bien admettre que le potentiel solaire marche avec les deux
personnages, l'ange et le fantôme, et qu'ils ne sont pas près de se quitter ou
de se réconcilier dans le Divin. Une partie de l'image de soi est subliminale,
c'est-à-dire qu'elle appartient à notre être le plus profond qui pousse en avant
un tas de belles choses, mais dont nous n'avons pas encore le mode
d'acquisition. C'est cet ange-là qu'il convient de conserver intact. (Quelles
que soient les difficultés rencontrées).
Une autre partie de l'image de soi
est tragique: c'est cette mémoire intelligente de nos échecs, de nos défaites,
de nos faiblesses et de nos trahisons qui veut nous dégoûter du soleil, nous
priver de l'ange et nous enfermer dans le répétitif sécuritaire. L'estime de
soi peut être conservée une fois les erreurs reconnues et c'est là,
naturellement le sens profond du repentir, car sans l'estime de soi, il n'y a
pas non plus d'image de soi DIGNE DE CE NOM. S'enraciner dans la volonté de
conscience permet de jouer avec un moi souple, de retomber sur ses pieds, et
d'éviter la sèche rigidité du redresseur de torts ou du vieillard aigri.
Je suis donc en train de vous
montrer que vous avez une image de vous-même plus ou moins structurée. plus ou
moins complexe, plus ou moins archaïque, ou encore plus ou moins cultivée...
Elle n'est certes pas aussi présente chez chacun, et chez ceux qui l'oublient,
elle ne monte à la surface que dans les moments extrêmes: « oh! comme je
suis merveilleux » si on vient de réussir un exploit, « je ne mérite
pas de vivre ou ne veux plus vivre » si l'on subit un choc terrible, une
séparation, un deuil brutal. Chez d'autres au contraire l'image de soi est
tellement prégnante que dès le matin, non seulement ils prennent plaisir à se
regarder longtemps devant la glace pendant leur toilette, mais encore ils
échafaudent avec une sorte de conviction instinctive puissante toutes sortes de
projets gratifiants pour la journée qui s'avance. ( Méditer sur la relation
entre l'image de soi et l'image du corps dans la société-pub, elles ne font
plus qu'un et ne mérite l'existence que l'individu séduisant... )
Faire communiquer entre eux deux
individus dont l'image de soi est fort différente est un pari impossible. Celui
qui se laisse aller à embrasser le moment d'une manière passive sans vouloir
l'orienter comme un forcené vers ses propres prérogatives est pris pour un
« faible », une personne sans personnalité par celui ou celle qui
part à la conquête du moment pour le faire enter de gré ou de force sur le
terrain de sa propre volonté. Cette guerre des tempéraments a bien lieu et elle
rend compte des mentalités politiques. L'image de soi peut aussi bien
constituer un écran entre le Tout et le moi qu'un filtre parfaitement approprié
. C'est comme la langue ou la parole: la meilleure et la pire des choses.
COMMENT SE FABRIQUE L'IMAGE DE SOI
?
Dès que le bébé comprend qu'il
n'est pas sa mère, se forme l'embryon d'une représentation du moi où les
rudiments du langage et de la pensée viennent nommer ce qui est extérieur à
soi. L'appel vers la mère ou le père précède la conscience lucide de soi en
tant que moi. Avant que n'apparaisse le « je suis » plein et entier
vers sept ans (premier carré de saturne), signe d'autonomie désormais
croissante, le cri vers la mère qui manque symbolise le besoin et la dépendance
du moi vis-à-vis du non-moi, besoin qui se développera par la suite sous
d'autres formes: être nourri du jeu, du jeu sexuel, de l'amour de l'autre, de
l'amour de la vie, puis être nourri par la connaissance, l'amour divin, la
quête de la participation-plénitude à l'univers (ANANDA).
Que peut-on opposer à l'altérité,
dès le début, si ce n'est cette image de soi pleine d'une volonté bondissante
où se décrètent les préférences primitives de l'enfant, attiré par telle
couleur plutôt que par telle autre, telle qualité particulière qui dissimule
l'acquisition d'autres talents? Vers l'âge de sept ans, l'expérience que la
pensée a élaborée est déjà suffisante pour que le jeune moi dispose d'une image
de soi le guidant vers l'avenir. Cette image est troublante car elle comporte
les préjugés concernant le « ce qui est le meilleur pour moi »
amalgamés à la véritable volonté solaire, plus endurante plus détachée des
formes, inconditionnellement confiante contrairement aux séquences sécuritaires
dont la pensée habille, ou plutôt déguise l'image de soi profonde et divine.
(Krishnamurti).
Si vous êtes pragmatique vous vous
demandez déjà s'il vaut mieux avoir une petite ou grande image de soi, et en
quoi elle peut aider ou pénaliser l'évolution. L'image de soi est soit trop
rigide comme un nœud trop serré qu'on ne pourra jamais dénouer à moins de le
trancher (nœud gordien), soit trop lâche, c'est-à-dire trop floue.
Trop rigide, votre
vision de vous-même est trop étroite et si butée que la vie va sembler prendre
un malin plaisir à vous démontrer que vous n'êtes pas ce que tous croyez être.
Trop lâche, vous vivez
ce que vous êtes sans vous réferer suffisamment à ce que vous voulez incarner,
à ce que vous souhaiter vraiment être, et la vie s'amuse à vous faire jouer
autant de personnages qu'il sera nécessaire jusqu'à ce que vous soyez privé
d'identité à force de jouer des rôles.
L'image de soi peut être très
souple. Quand nous nous décevons nous-mêmes, c'est merveilleux de s'en rendre
compte immédiatement et de ne pas tourner autour du pot. Si nous mettons de la
poussière sous le tapis, si nous mettons sur le compte de l'autre la
responsabilité de nos tourments; déceptions, échecs, cela finira par revenir
plus fort en cas de crise - escorté de toutes les mémoires semblables de nos
fuites. Et c'est pareil en sens contraire: on peut savourer sans orgueil une
satisfaction, on peut jouir sans vanité d'un résultat encourageant sur la voie
divine, et en ces moments-là, il va de soi que le temps nous a vraiment
nourri. Vous vous doutez bien que les orientaux ont inventé toutes sortes de
techniques de méditation parce qu'ils ont toujours vu que l'image de soi
collait au problème de l'identité, comme l'ombre vous suit au soleil. (Pas de
soleil, pas d'ombre, pas de recherche spirituelle = aucun problème avec l'image
de soi, elle fait un avec l'identité). Plus la lumière vous intéresse, plus
l'image de soi est appelée à se transformer, et à se présenter sous des jours
différents, protecteurs parfois, accusateurs à d'autres moments: c'est le jeu
des apparences, la farandole des formes événementielles. gratifiantes,
insipides, difficiles. L'image de soi colle au problème de l'identité aussi
profondement par exemple que la détermination sexuelle.
« Pour qui te prends-tu pour
ne pas obéir à Dieu? » voilà ce que nous lance la culture indienne de la
religion éternelle fixant dès le départ l'illusion de l'ego. « Comment
faites-vous pour éviter de comprendre que votre intérêt est de rejoindre le Tao
? » clame Lao-Tseu et les maîtres du Chan. Voilà ce que murmure l'âme
chinoise depuis des milliers d'années. la beauté de la non-séparativité,
l'illusion dialectique de l'opposition du yin et du yang, les deux côtés de la
médaille, de la Manifestation. Il n'y a que dans notre civilisation
matérialiste, privée du sens profond du christianisme, qu'on peut prôner une
image de soi subjective, fondée sur le sentiment d'une liberté
institutionnelle. C'est si faux qu'à soixante ans les bientôt
« vieux » des pays riches se raccrochent à toutes sortes d'artifices
pour ne pas déprimer, et puis après à toutes sortes de drogues. Le moi a manqué
d'intensité mais c'était pratique dans la vie sociale. Plus tard, les
nourritures sont rares et rationnées: la visite des petits enfants, les fêtes
familiales, les voyages organisés, mais l'identité profonde n'est pas toujours
au rendez-vous, et la reconnaissance d'être, d'être - tout court, tout
simplement être, qui normalement couronne la vieillesse dans les sociétés
traditionnelles. est absente au rendez-vous. C'est une phase cosmique, c'était
nécessaire, mais on souffre beaucoup dans les pays riches, de la pénurie
spirituelle. C'est le contraire ailleurs: la dignité d'être s'est conservée
même dans des conditions matérielles difficiles, en tout cas dans les zones non
polluées par l'hyperurbanisation.
L'éducation autrefois cherchait à
inculquer une certaine noblesse, aujourd'hui elle se contente de rabâcher qu'il
faudra s'en sortir. On n'apprend pas à l'enfant à réfléchir sur sa propre
nature, mais à choisir entre des options inévitables. Les événements peuvent
être utilisés pour transformer la manière dont on se regarde soi-même, et ils
n'ont pas à porter d'étiquette préconçue, mais la pensée voit des obstacles
facilement là où il ne s'agit que de résistances à comprendre. Le don de soi à
l'inconnu ne peut pas se produire si l'imprévisible est considéré comme
non-gratifiant. Or, pour qui sait écouter, l'imprévu est bienveillance pure.
Ceux qui veulent à tout prix
résister à la puissance du monde et du Divin savent se fabriquer une image de
soi qui « tient la route » en toutes circonstances. Mais ils risquent d'être
(ou sont) coupés des puissances de transformation et ils ne peuvent finir que
d'une seule façon: parfaitement aliénés à la conviction que la réalité se doit
seulement d'être leur propre miroir. Si au contraire vous acceptez les
fluctuations de votre image de soi, vous verrez que derrière ce qui vous
humilie, vous rapetisse et vous écrase, il y a le PASSAGE vers une identité
merveilleuse, profonde et large, parfaitement essentielle. L'image de soi est
nécessaire mais s'y accrocher n'est pas conforme à la loi du mouvement et du
principe de renversement naturel (action/repos, souffrance/joie,
aisance/difficulté, etc... ) L'hypothèse
que je vous soumets
est la suivante: acceptez d'être triturés, de ne pas être à la hauteur,
acceptez même de confondre parfois l'orgueil et la réussite et la satisfaction
spirituelle, acceptez tout cela en restant sincère et vous verrez que votre
image de soi a une place réelle à tenir dans votre transformation, une place à
trouver, hors culpabilité et hors flagornerie, hors fausse modestie et hors
complaisance.
Cela évoque le pardon, le pardon à
soi-même. Le détachement, c'est d'affirmer et avouer qu'on peut perdre quelques
batailles sans dramatiser et remporter quelques victoires sans en tirer vanité.
Le combat, lui, ne cesse pas, et peu importe, en allant au fond des choses, que
l'on se considère à tel moment comme un perdant ou un vainqueur, puisque tout
se transforme perpétuellement. Mais jouer franc-jeu est nécessaire.
L'hypocrisie avec soi-même est ce qu'il y a de pire. Être mauvais perdant,
c'est cela qui nous ronge. J'ai l'air de vouloir donner des leçons, mais il
s'agit d'autre chose; témoigner d'une expérience poignante avec l'image de soi,
avouer des blessures, porter quelques cicatrices, et dire, j'ai appris dans
tout cela que la vraie bataille est constante, et que - même au bout du rouleau
- le Spirituel se manifeste, et souvent c'est là - au bout du rouleau - qu'il
transparaît avec la plus grande splendeur. Si vous devez faire des expériences
tragiques, elles viendront, si vous devez être épargné, la lumière viendra sous
d'autres formes vous éclairer, car peu importe les chemins pourvu que la
conscience se transforme. Les grandes épreuves ne sont pas
« enviables » mais il est injuste de nier tout ce qu'elles apportent,
j'oserais dire relativement facilement, sur le plan spirituel.
L'image
de soi donne toujours des deux côtés de la vie: le fantôme de notre mémoire
la tire vers le chaos, l'ange en nous la pousse vers le Divin, son ordre à
deviner. et par une simple observation de soi-même, il est toujours possible
d'y départager la proportion de ces deux forces.
19/03/2001
J'aborde maintenant l'image de soi
d'un point de vue historique puisque cela nous montre immédiatement tout le
chemin qui reste à parcourir. Les pouvoirs politiques et religieux n'ont aucun
intérêt à mettre l'individu devant lui-même et à lui dire: « maintenant
débrouille-toi tout seul avec l'univers. Tu verras que pour y parvenir tu dois
te fabriquer ton propre miroir ». Non, les cultures préfèrent inféoder
l'individu au seul balancement du bien et du mal, de la loi et de la liberté,
du devoir et de la coutume tribale, et les religions finissent par tant polir
leur message qu'elles servent exclusivement à fabriquer des individus
incapables de nuire aux autres, puisque c'est le propre de la métaphysique de
tomber jusqu'au moralisme pour s'étendre(René Guenon). Dans la dimension
spirituelle, l'ange et le fantôme qui cohabitent dans l'image de soi deviennent
beaucoup plus concrets que les soi-disant principes moraux, parce qu'une
intensité intérieure se manifeste à qui veut bien appliquer la loi - mais
seulement si elle est comprise. Sinon, le règlement c'est de désobéir. C'est un
thème inépuisable d'Antigone à Jonathan le goéland... Le moi qui devient
consistant est prêt à briser toutes sortes de tabous pour vérifier par soi-même
le bien-fondé des « croyances » et comme par hasard, le bien-fondé en
général s'évanouit. De l'altruisme obligatoire sans amour de soi et sans amour
de l'autre, à la valeur de principe du couple ou de la chasteté, il n'y a là
que des points de vue opposés correspondant à des contextes différents, des
intentions différentes, des finalités différentes. Et c'est donc à chacun de
vérifier en quelque sorte que « tout est illusion » dans le sens que
tout est seulement fondé par l'esprit, sans que les choses n'aient de valeur
autre que celle qu'on leur accorde. Une chose devient vraie, en quelque sorte,
à partir du moment où l'on y croit. Aller jusqu'au Divin c'est se rendre
au-delà de l'esprit qui appelle réel ce qu'il projette, et irréel ce qu'il est
incapable de voir. C'est une aventure extraordinaire, pleine de
rebondissements, et sans une image de soi très malléable, on ne franchit
pas certaines barrières: c'est trop difficile d'aller à contre-courant.
Quand le moi se met réellement en
cause et abandonne les boucs-émissaires si pratiques pour se dédouaner, il
porte la responsabilité du monde. Il n'accuse plus personne sauf lui-même, et
il s'accuse d'ignorance. C'est si poignant que Pascal portait un silice pour
fêter ça et qu'un autre saintabruti remettait les vers dans la gangrène de sa
jambe quand ils en tombaient en leur disant: contentez-vous de ce que Dieu vous
donne. Les cas de sainteté nous montrent souvent non seulement le dépassement
de la souffrance, mais même une sorte d'accoutumance extatique, mais dans
l'avenir ce genre de performances sera inutile. C'est dire que l'image de soi
est souple, puisque les meilleures des âmes se sentent coupables de l'ignorance
humaine et la rachètent par leur sacrifice, leur ascèse. Tout cela doit changer
avec l'avènement supramental, car la souffrance, même spirituelle, n'est pas le
but de l'incarnation. (Le christianisme doit nettoyer ses écuries d'Augias,
avec un héros, peut-être un nouvel avatar, car la souffrance peut être parfois
un moyen, un moyen obligé, mais en fonder une sorte de culte tiré du calvaire,
est une perversion grave.)
L'image de soi est un sujet
difficile: nous sommes obligés d'admettre que se penser soi-même et se vouloir
(meilleur, parfait, solaire) sont deux choses différentes. Tout va bien
quand en superposant les deux choses, elles coïncident. Mais dès que le
décalage apparaît, qui va l'emporter? Sans une pratique, la pensée fait des
crocs-en-jambe au souhait solaire et le culpabilise avec les faits, les
démissions, les échecs, et il faut donc opposer une intégrité supérieure au
procès-verbal que le mental intente au moi, quand les choses tournent mal. Cet
art intime ne peut pas s'enseigner. C'est comme la pêche à la mouche dans les
torrents glacés; ça ne sert à rien d'être guidé par un expert, si l'on pêche
dans un lac, ou qu'on ne s'est jamais aventuré dans le flot tumultueux d'une
rivière pour ne pas perdre une touche. Ou bien c'est comme le parachutisme,
tant qu'on n'a pas osé se jeter deux ou trois fois dans le vide, à quoi bon
bénéficier des avis d'un champion de vol libre? Bref, je n'ai rien à vous
apprendre si vous n'avez pas eu l'occasion de vous confronter à votre propre image
de soi, et cela m'étonnerait que vous puissiez atteindre le Divin sans quelques
batailles et quelques scrupules, des problèmes poignants avec votre reflet dans
la glace.
L'image de soi implique que l'on
possède une vision permanente de ses propres limitations. C'est un processus
très dynamique, un besoin d'élan, c'est l'intuition suprême que l'on possède
une place dans l'univers et qu'il faut en trouver le lieu. Cette image de soi
est donc battue par les vents, blessée par les événements, érodée par la routine,
et elle peut vivre encore un tas d'autres aventures. Deux dangers la guettent:
dépendre trop de la mémoire d'une
part,
s'éloigner trop de la réalité
d'autre part pour vivre dans l'imaginaire idéal.
L'identité ou le moi est plus
concret qu'elle: l'image de soi ne doit pas devenir obsessionnelle mais
demeurer référentielle. L'individu qui apprend à s'enraciner commence à subir
les revers sans renoncer à l'ange, son potentiel divin. L'image de soi peut
mourir et ressusciter, elle n'a rien à voir avec l'amour-propre souvent
acoquiné à une forme d'orgueil subtil. Quand on se lance dans des entreprises
spirituelles d'envergure, il est quelquefois naturel de manquer son but, car le
Divin avoue toujours de nouvelles exigences auxquelles nous ne sommes pas
toujours préparés. A force de résurrections, l'image de soi supporte l'échec,
car le narcissisme et la complaisance sont dépassés, et le moi peut alors
l'utiliser comme un feu montant vers le Divin: « que je sois bon ou petit.
que je sois mauvais ou grand, donne-moi ce qui me manque, serait-ce le malheur
si Tu le juges nécessaire ». Cette prière peut s'adresser aux océans de
Conscience qui sont toujours à l'œuvre partout, voire cachés dans le
tourbillon atomique, comme le Supramental. Peu importe le nom ou la
représentation particulière que l'on se fait du Divin, si cette volonté
subliminale se développe, elle se dirige infailliblement vers ce dont nous
avons besoin.
La clarification de l'image de soi
est aussi nécessaire que la purification émotionnelle, et ce sont deux
procédures qui s'accompagnent et s'épaulent, mais qui ne sont pas identiques.
La transformation de l'image de soi concerne l'identité, le moi et l'être
psychique (l'âme), tandis que la libération des compulsions concerne la
personnalité et le Corps. Dans une recherche intégrale, le besoin d'être et le
besoin de vivre peuvent se rejoindre dans une félicité nouvelle, mais aucun des
deux termes ne peut être ramené à l'autre. Des frictions naturelles existent
donc entre l'identité et son milieu, entre le mot et son champ de vie, et voilà
pourquoi le corps peut réunir - sous certaines conditions, dans une harmonie
plus profonde le besoin d'être un individu et la sensation de vivre dans un
lieu et de s'y exprimer.
L'image de soi peut être visualisée
comme un ombilic d'or relié à nos réalisations futures.
Les faiblesses, les manques, sont
offerts au Divin, l'aveu de imperfection s'impose mais stimule au lieu de
blesser. Celui qui aime vraiment « Dieu » finira par être obligé de
s'aimer lui-même, comme celui qui s'aime vraiment lui-même finira par
comprendre que son ultime perfection dépend de la relation qu'il sera capable
l'établir avec le Divin.
EN PRATIQUE
Les êtres humains cherchent à
penser du bien d'eux-mêmes par toutes sortes de stratagèmes, et c'est dans le
matériau brut de la vanité que se trouve la terre la plus archaïque de l'image
de soi. Le mensonge vis-à-vis de soi-même permet de vivre avec une image de soi
fantasmée, ce qui évite de se remettre en question d'une part et de s'abandonner,
par la consécration, à l'inconnu Divin d'autre part. Cependant le passage à une
ère nouvelle nous attend, et des pressions énergétiques considérables sont
exercées sur l'humanité à l'heure actuelle pour lui permettre d'embrasser sans
crainte à la fois l'ange et le fantôme complices dans l'image de soi. La
culpabilité est un vieux fardeau inutile pour ceux et celles qui veulent
vraiment du Divin, quel que fût leur passé.
C'est en laissant apparaître
toutes sortes de perspectives sur ce que l'on pourrait être et sur ce que le
monde deviendrait si nous y participions vraiment que l'image de soi se
transforme. Il suffit d'y toucher pour que la perception du non-moi se
transforme également, perception toujours plus ouverte, libre, libérée
d'opinions préconçues, bref le chemin propre au voyant de la vérité, qui, sans
s'abstraire du monde, découvre derrière lui, à l'œuvre, la félicité divine
dans ses opérations de conscience et d'énergie.
Des incertitudes, des
approfondissements à effectuer, des mystères à découvrir, autant de nourritures
ignorées du moi générique, s'imposent enfin sur un chemin largement ouvert où
l'intuition qui saisit remplace le raisonnement qui peine.
Être
évolutif, c'est vivre l'entrelacement du souhait solaire d'être conforme à sa
propre volonté intérieure et de l'observation sans complaisance de la nature en
soi-même - dépositaire des plans antérieurs de l'évolution (arborescence de
peurs, de désirs superficiels, image rudimentaire de la vie). Cet entrelacement
révèle sans arrêt de nouvelles richesses, de nouveaux obstacles, de nouvelles
prises de conscience qui fondent le moi dans une intégrité réellement divine.
L'image de soi n'est pas le
fantasme de ce que l'on aimerait devenir, elle rend compte des difficultés
inhérentes à l'idéal choisi, mais ne s'y soumet point. Vivre le conflit entre
le moi et ce qu'il veut devenir, ou tout au moins la confrontation, puis
l'apaiser sans l'éliminer, voilà ce qui garantit un dialogue ininterrompu
avec soi-même, sans perdre de vue que nous sommes guidés, à la fois du dehors
et du dedans, si nous aspirons réellement à l'être pur, à la félicité de la
non-séparativité, à l'amour du Divin.
Puisse Mahasaraswati éclairer vos pas.
Natarajan
3/ Le Soleil en Maisons.
Soleil dans l'axe Un/Sept
En maison sept, dans la relation privilégiée à l'autre, sans la
préciser trop, il y a une source de satisfaction solaire. C'est-à-dire que le
rayonnement du sujet peut s'allier au rayonnement de l'autre, l'autre nous
donne, et on en tire une certaine lumière, mais comme chacun sait, c'est difficile
de maintenir ce type de satisfaction à long terme avec la même personne. Le
rayonnement dépend aussi de ce que nous sommes capables de donner à l'autre.
S'il reste des « attentes » , elles doivent être dépouillées,
élevées, discrètes, et l'autre doit être à la hauteur, et comprendre à quel
point il est important pour son partenaire. Ce n'est donc pas une position
facile, puisque le sujet dépend de sa qualité relationnelle pour s'épanouir.
Convient mieux aux femmes qu'aux hommes, mais elles peuvent également, si elles
ignorent être marquées par cette position, trouver saine une exigence vis-à-vis
de l'autre exagérée. Bien sûr, quand des carrés de Saturne, Uranus, Neptune ou
Pluton touchent ce soleil, il y a paradoxe, puisque l'altérité, qui devrait « nourrir »
facilement le soleil, devient le dépositaire d'exigences qui seront projetées
sur le partenaire, ou vécues intérieurement comme des frustrations, le cas
échéant. On peut aussi penser qu'une personne qui a le soleil en 7 cherche à
maintenir la curiosité de son partenaire à son égard, elle veut vivre son
soleil, et exige donc, consciemment ou non, que la relation s'adapte à ses
besoins, tienne compte de ses mouvements. On veut « donner et
recevoir », naturellement, s'il n'y a pas un équilibre entre les deux,
cela finit par la frustration.
Alors qu'en face, en maison un, le rayonnement dépend de ce
qu'on est capable de se donner à soi-même.
Voilà la question à poser à une personne qui a le Soleil en maison 1 :
est-ce qu'elle sait ramener l'ensemble de ses contenus psychiques, son idéal
du moi, d'une manière directe à elle-même, sans se préoccuper de savoir si
les autres la jugent narcissique ou nombriliste, l'approuvent ou non. C'est le
chemin : ici, il faut ramener les choses à soi pour les synthétiser. Donc,
privilégier le travail sur la personnalité, sans intermédiaire, du producteur
au consommateur, du système solaire au moi qui cherche son identité cosmique,
divine. La possibilité de « ramener à soi » peut être naturelle,
puissante mais inconsciente, et cette figure s'accompagne alors souvent de
vanité, d'orgueil, mais elle a le mérite de permettre au sujet de sentir
vraiment ce qu'est la différenciation individuelle, et de se lancer vers
sa propre originalité. Étant donné à quel point le subconscient accompagne
l'état de veille ordinaire, tout potentiel est toujours escorté de
« masques », qui sont ses premières manifestations grossières,
mélangées à l'obscurité de la matière, masques, et encore plus profond,
survivances dynamiques, colère, peur, fuite par principe des questions
épineuses à résoudre concernant son propre mode de fonctionnement.
Il ne faut pas oublier la position soleil et ascendant dans le même
signe, qui a très mauvaise réputation, et qui divise les astrologues. Après
maintes réflexions et quelques vérifications, ce que nous pouvons dire sans
blesser personne, c'est que tout simplement, l'Ascendant tire vers le bas
le soleil, et l'énergie du signe devient donc très performante et pratique,
jusqu'à engloutir parfois l'identité entière. Certains astrologues veulent
faire de cette combinaison une « pénalité karmique », nous nous
contenterons de parler de notre expérience en la matière, les personnes
rencontrées possédant cette position nous ont toujours semblé embarrassées par
le non-moi, et ne sachant pas quelle position prendre à son égard. Qu'elles s'y
donnent trop (par exemple Sagittaire) ou pas assez (par exemple Scorpion), peu
importe, le non-moi est « quelque part » escamoté, ou bien il est
vécu comme le prolongement de soi-même, ça je l'ai souvent vu chez des soleils
Cancer, et parfois chez les sujets qui confondent, c'est-à-dire contiennent, le
soleil et l'ascendant dans le même signe. Ils peuvent représenter l'énergie du
signe mais avec plus de force que de conscience, bien identifiés à elle, ce qui
n'engendre pas une prise de recul facile sur sa manifestation (et même une
manipulation... ). Le reste du thème risque de suivre, bon an mal an, cette
figure, et il est donc recommandé à ces personnes d'oublier un moment leur
manière d'être habituelle et d'aller examiner de plus près les signifiants de
l'hémisphère supérieur. La relation avec le maître d'ascendant est
naturellement souveraine puisque c'est le même que celui du soleil, d'où cette
confusion possible dans la manipulation de
l'énergie.
Finalement, le soleil en maison 12 est beaucoup moins sournois, la
personne est obligée de se rapprocher d'elle-même à travers toutes sortes
d'échecs, d'empêchements, etc., et elle finit par y aller, mais la confusion du
soleil et de l'Ascendant donne une poussée subjective d'une grande ampleur,
parfois monolithique d'ailleurs, avec un seul angle d'attaque de la réalité.
Les différences de stratégies entre le soleil et l'ascendant, dues à la
différence des signes ou des éléments, poussent au contraire la conscience à un
jeu subtil, où les deux énergies s'opposent, alternent ou s'épaulent, et bien
sûr, cela est interdit quand le soleil et l'ascendant occupent le même signe,
qui peut devenir totalitaire. Et comme l'ascendant est plus
« matériel », il entraîne le soleil et le rabaisse, et la personne
peut se contenter d'incarner, très bien, mais pas forcément en hauteur, pas
dans leur subtilité parfaite, les qualités du signe.
Chercher à se prendre pour quelqu'un, se courir après en quelque sorte,
constitue la menace de cette position, Soleil plus ascendant, ou même soleil
seul en 1, ce que l'on retrouve aussi, parfois, pour le soleil en Lion, ou en
maison 5 pour les signes masculins.
En maison sept, il peut y avoir une souffrance légitime,
naturelle quand l'autre ne semble pas donner assez, puisque le Soleil se
définit à travers le non-moi. « Je me synthétise mais je ne suis pas
capable de me synthétiser tout seul, il faut que je passe par l'autre ».
Avoir le Soleil au-dessus du descendant valorise le non-moi, même si on possède
des éléments du moi qui sont très forts. La relation à l'autre est difficile,
il est quasi indispensable, on en attend beaucoup, et même pour devenir
un « individu », il semble qu'il faille passer par une
projection puissante, idéalisante et également concrète, de la relation, le
partenaire en général, au sens plus large... Le sujet doit se reconnaître
lui-même comme dépendant du tissu relationnel pour s'exprimer et apprendre à se
connaître.
La navette entre l'identification à l'objet choisi (le partenaire) et
le retour à soi, est donc très enrichissante, nécessaire ; mais souvent,
le partenaire ne « fait pas le poids ». Il ne comprendra pas que son
rôle va jusqu'à épauler le soleil de l'autre, c'est-à-dire son indépendance
d'esprit. C'est vrai que c'est un peu paradoxal, avec ce soleil en 7, on compte
sur l'autre pour devenir libre, pour se découvrir soi-même, c'est légitime car
on peut donner beaucoup, mais on est également trop imprégné du partenaire, qui
doit entrer dans un rôle, satisfaire jusqu'à l'absolu, laisser libre, et
malheureusement... Approuver, et c'est là que les choses se corsent, si les
affinités ne sont pas suffisantes.
Une personne qui a le Soleil en 7, peut s'imaginer qu'elle souffre
parce qu'il y a des choses qui ne vont pas à tel ou tel endroit de son
existence, en dehors même du champ symbolique de la maison solaire, mais si
elle n'est pas parvenue à la reconnaissance réelle de l'autre — symbolique
essentielle de cette maison - c'est là que se situe la vraie cause de sa
souffrance. Et pourquoi n'y est-elle pas arrivée ? Peut-être parce qu'elle
a trop souffert de cela et qu'elle a racorni la fonction de partage ou la
fonction solaire, ou que l'autre est instrumentalisé à des fins personnelles,
comme un faire-valoir, car le soleil, avant sa transformation, déborde de
vanité.
Soleil en maison Quatre
C'est une position délicate. On pourrait presque dire que c'est la permanence
qui rassure le Soleil ici. Avec cette position au fond du ciel, on se
repositionne soi-même, automatiquement, par rapport à des valeurs de la maison
4, donc on a besoin de rayonner dans ce secteur et de s'identifier aux valeurs
de la maison concrète et du cadre de vie, mais il y a un revers, il y a souvent
une demande trop forte de sécurité, on fait trop confiance aux habitudes, on
cherche trop à maintenir sans se soucier d'opportunités nouvelles, il y a un
caractère « conservateur » à dépasser, même parfois sur le plan des
idées.
Le Soleil là en bas voudrait disposer de tout, et que tout soit donné
en permanence, et l'on voit des gens avec cette position qui sont très affectés
par les problèmes symboliques de la maison 4, familiaux par exemple, alors
qu'ils ne reconnaissent pas que c'est cela qui les afflige, ou qui les mine,
qui les atteint insidieusement. Peut-être que la 4 prépare la 5, le domicile
idéal du soleil, et que la conscience générique trouve le moyen de chercher
confusément à faire éclore l'identité du sujet par la reconnaissance qu'il peut
obtenir de son milieu, de son cadre, de sa famille. C'est possible de penser
que certains déficits solaires peinent à être verbalisés, identifiés, c'est
possible que la conscience générique n'aille pas voir où cela fait mal, et ce
n'est d'ailleurs pas rare que l'astrologue reçoive des personnes qui viennent
exposer un problème, mais après analyse, le problème dont ils avaient
conscience masquait « rationnellement » un souci plus important,
impossible à regarder en face.
Alors un soleil en 4, cela peut être n'importe quoi, des
« valeurs » automatiquement projetées, qui ne sont que des
empreintes, ou un rêve de contrôle de tous les affects dans un joli décor, ou
des attachements au climat, à la région, au milieu dont on fait partie, et qui
estompe l'intérêt pour le reste... Ou encore un pot-pourri d'appartenances à,
qui forment une identité peu ou prou triomphaliste. Dans ce secteur, il y a un
accent très fort sur la généalogie. Le Soleil, c'est le sentiment de
l'intégrité personnelle, alors, lorsqu'il est situé en 4 ou en 7, ce sentiment
dépend largement de l'environnement, et finalement ce n'est peut-être qu'en 1
et en 5 que cela dépend fortement de soi-même. En 4, on dépend des autres par
l'ascendance et la descendance, on accorde beaucoup d'importance aux liens
familiaux, consciemment ou non, c'est-à-dire qu'on a besoin d'un certain style
de relations solaires, lumineuses, acceptées, gratifiantes, sinon on est
affecté. Et puis n'oublions pas qu'au Fond du ciel, si nous reconstruisons le
zodiaque par analogie, le soleil n'est pas encore né, il prépare sa venue en 5,
alors, tout simplement, un soleil en 4 peut être aidé à se dévoiler, à se
manifester, avec l'appui de la 5, et de la 9. En revanche, il n'est pas rare
que si la 10 est bien représentée, le soleil en 4 soit en quelque sorte
étouffé, ou imite la lune. (Être à travers des appartenances et non à
travers des prises de conscience au-delà des croyances).
N'oublions jamais une seconde que le temps nous manipule et nous force
à nous faire confondre ce que nous FAISONS avec ce que nous SOMMES. Et il y a
ce danger avec le soleil en 4, soit identifier le moi avec son action et ce
qu'il représente (M.C) car les angles opposés sont parfois complémentaires
naturellement, soit se complaire dans une construction sécuritaire, bourrée de
valeurs, de principes, de comportements quotidiens, presque rituels, ou
tribaux, qui donnent une force d'enracinement puissante, mais, somme
toute superficielle.
Un soleil en 4 devrait permettre à des hommes de se sentir
responsables, bien au-delà de leur famille, de ce que l'on pourrait appeler une
écologie spirituelle, c'est-à-dire une éthique de la relation. Les femmes
vivent en général correctement cette position, qui est la plus naturelle pour
elles si elles ont des enfants.
Soleil en maison Dix
En 10, on peut toujours se resynthétiser concrètement, c'est un
néologisme, c'est plus fort que se « rassembler » et plus précis, on
ramène au centre des aspirations, les mouvements dans tous les secteurs, dans
les maisons. Ici, on aborde le problème de son identité par rapport à ce que
l'on représente pour les autres, et, là aussi, il peut y avoir des souffrances,
des malentendus, des méprises... On représente quelque chose, et ce que l'on doit
représenter au M.C, c'est un défi, parce que cela signifie qu'on doit se
montrer aux autres tel que l'on est, sans se compromettre dans son rôle, et ce
n'est pas si évident. Il y a le problème du masque, de la persona, de
l'autorité, de la soumission, et surtout, de la créativité dans son travail, et
ce que l'on souhaite représenter. Seule la vigilance permet de vivre
correctement cet idéal du moi dans la machine sociale, et il faut naviguer pour
rester fidèle à soi-même, s'épanouir à travers ce qu'on représente dans le
milieu, où l'on cherche naturellement une fonction valorisante.
Donc, cela demande une coïncidence extrême entre l'identité
personnelle et le monde objectif. C'est toujours en mouvement,
trouver sa place, la maintenir, ou améliorer, ou changer de statut, mais faire
cela réellement pour le soleil, l'épanouissement global, non la réussite
sociale. Un soleil en 10 permet de vouloir jouer le meilleur rôle possible dans
le monde objectif, et l'on peut se valoriser soi-même à travers une carrière, mais
alors il faudra exceller, ou faire montre d'un génie particulier, car c'est le
soleil qui est ici le maître. Pas question d'être seulement le meilleur rouage
d'une horlogerie, c'est l'occasion de développer des qualités réparties dans le
reste du thème et de les porter à leur perfection, pour que la société
elle-même en profite. Le problème, c'est que l'esprit socioculturel demande
plutôt des caractéristiques saturniennes ou jupitériennes, ce qui revient à
dire que faire briller un soleil en 10 peut prendre du temps, ne serait-ce que
pour vaincre les résistances du milieu, qui n'accueille pas facilement les
personnalités solaires, innovatrices, efficaces, compétentes. Mais on peut
aussi vivre cette position en représentant quelque chose de spécial pour les
autres, de supérieur, dans un autre cadre que le cadre professionnel, dans une
association, un groupe.
En fait, l'épanouissement personnel et authentique doit correspondre aussi
à ce que l'on donne et à ce que les autres attendent, et cela peut se produire
dans de multiples domaines, tout en restant dans le cadre de la 10, où il
faut paraître ce que l'on est. Une certaine reconnaissance doit finir par
s'opérer pour que le sujet sente son moi « solaire » correspondre
avec le non-moi, et la satisfaction de contribuer à l'âme collective en
apportant sa propre pierre peut soutenir l'accomplissement.
Le sujet qui a le soleil en 10 est le seul qui, finalement, bénéficie
de l'autorisation de confondre son identité avec ce qu'il fait, parce que c'est
le chemin d'évolution qui lui est propre, et cela comporte de nombreuses
exigences, que tous ne respectent pas, loin s'en faut, et, naturellement, pour
que cela fonctionne, la distance est nécessaire, l'image de soi doit être
souple. Mais si le soleil se trouve dans une autre maison, on ne peut pas
confondre ce qu'on est et ce qu'on fait, bien que le soleil en 2, s'il demeure
compulsif et dans un signe qui s'y prête, puisse également manipuler le sujet
dans une seule quête matérielle.
En 10, s'il y a une certaine confusion entre ce que l'on est et ce que
l'on fait, c'est une confusion de bonne guerre, puisque c'est le cheminement de
l'identité solaire, on commence à se définir — définition, identité — avec ce
que l'on fait, ce que l'on représente, objectivement. Donc ici, on va trouver
un certain type de souffrances, quelqu'un qui, par exemple, n'embrasse pas un
type de carrière propre à son soleil au sommet, c'est certainement pire qu'avec
un soleil dans une autre position, puisqu'il faut être entier dans la maison du
Soleil : il y a tous les aspects de la personne qui doivent être là.
Et tous les aspects dans leur intégrité et leur complémentarité. Alors que,
s'il y a une planète en 10 comme Mars, on sait qu'on doit faire une profession
active. Mais avec le soleil, c'est la qualité de l'individu qui doit faire ses
preuves, et c'est en amont des seules capacités d'adaptation sociale. Le soleil
développe l'identité, et non pas le rôle, et le danger avec cette position,
c'est de « plafonner » dans une concordance entre ce qu'on représente
et ce que l'on fait, qui mettrait un terme à l'évolution du vrai Moi.
Soleil en maison Cinq
C'est un faux ami. La croissance est facile ici pour le grand
luminaire, dès qu'on découvre qu'il est bien là, mais autrement, cela peut être
une position de frustration. On a le sentiment naturel de l'identité, mais elle
se dérobe, parce qu'on la souhaite trop conforme à ses propres désirs. Les
moyens de s'affirmer peuvent également souffrir de complaisance, on peut courir
derrière la liberté et s'affranchir faussement de certaines choses, surtout si
Uranus, Neptune ou Pluton soutient le signe ou l'élément, par des aspects.
Alors, il faut tout de suite dire, ok, le soleil est à sa place, mais a-t-il
bien synthétisé les quatre premières maisons, et comment accepte-t-il la
11 ? Voilà, c'est un premier recadrage, parce que, rater son soleil en 5,
c'est vraiment catastrophique, il a le droit à l'autonomie, à une certaine
souveraineté, mais rien ne dit que ce soit possible en méprisant ou sous-estimant
l'hémisphère supérieur, d'une part, et d'autre part, attention à ne pas fuir
les contraintes du Fond du Ciel. C'est tentant un soleil ici, on s'occupe de
soi avec un véritable amour peut-être, teinté bien sûr de complaisance, alors
si l'accent est trop mis sur ses propres désirs et ambitions, on peut oublier
ou négliger la 4, où l'on dépend forcément de ses racines, créées ou non par
soi-même, mais on a des choses à défendre en 4, en quelque sorte, une
conception de l'éthique de vie dans son milieu, qui doit accompagner l'éthique
plus abstraite de la maison 9, alors un soleil en 5, il y a à boire et à
manger... (C'est en théorie merveilleux, mais en pratique, il peut tirer la
couverture à lui, et dans ce cas, les compulsions du signe solaire peuvent être
proportionnelles à la jouissance des qualités. On peut imaginer des Lion avec
le soleil en 5 qui soient à la fois généreux, autoritaires et égocentriques, ou
des Scorpion parfaitement imbus de leur personne, tout en jouissant d'une
délicatesse et d'une personnalité très attachante, où la connaissance de soi se
porte bien). Disons qu'ici le soleil pousse de toute façon, sauf en Balance
peut-être, et que, s'il pousse « tout seul », si on le laisse
pousser, eh bien, on ne sait pas trop ce qui va se passer. L'image de soi
risque d'être forte et précise, mais avec des angles morts, de la flagornerie,
ou une manière de sous-estimer le non-moi qui pousse à escamoter les règles et
les lois. Saturne et Soleil « se font toujours la gueule » ou
presque, alors un soleil qui n'est pas guidé par la conscience de l'éveil, il
escamote ce qui le gêne. Tout soleil en 5 devrait s'élargir en prenant
conscience de la maison 11, et, si elle est vide, réfléchir sur l'intégration
de son maître.
Si l'on suit au pied de la lettre les principes astrologiques, on peut
supposer qu'un soleil en 5 en maison interceptée, qu' aucune cuspide ne
traverse, pose des problèmes particuliers. De toute façon, la vraie question,
pour chacun, c'est l'identité, de quoi est-elle faite, et le sujet a-t-il les
moyens de réaliser ses souhaits ? Si c'est rendu difficile par un soleil
faible en énergie, ou à côté de l'ensemble du thème, les itinéraires sont
différents, mais il est évident que seule la souffrance peut déclencher le vrai
besoin d'être. Dans un sursaut d'intégrité, le moi débordé par ses
identifications, et qui cherche à être inconditionnellement, peut utiliser sa
souffrance comme tremplin pour apprendre à se guider, choisir, décider. Il
suffit d'accepter la force centrifuge des fonctions psychologiques, et avec un
peu d'intuition, on comprend qu'elles cherchent toutes leurs objets, et
éloignent du centre, comme le montre le schéma du zodiaque où le soleil est
seul au milieu.
Mais on voit ensuite que les objets jouent un moins grand rôle que prévu
dans notre propre sentiment d'exister. On peut se libérer de l'autorité des
autres, on peut guérir après des ruptures, on peut rebondir sur tous les
échecs, le seul problème est de placer l'exigence d'être dans la perception
de soi-même, et non dans celle d'obtenir des faveurs du non-moi. C'est
parce que la conscience générique se laisse engloutir par les identifications
qu'elle recherche, que les êtres humains plafonnent dans leur psychologie. Le
vrai soleil se détache des événements, non pour les condamner, mais pour les
remettre à leur place. Ensuite, il voit que la conscience peut fonctionner hors
du cadre de l'appropriation subjective, et il apparaît alors une jouissance
dans le seul fait d'exister, et de « réfléchir » le non-moi en soi. Tout
devient alors très large, et profond, et on ne cherche plus à se définir par ce
qu'on obtient. On peut difficilement imaginer des êtres solaires rigides. Sans
lâcher prise, on prête trop d'importance aux échecs contingents, à ce que les
autres pensent de nous, et on multiplie ses besoins existentiels. Plus on
accepte le centre, plus le détachement est facile, tout en restant en prise
directe avec le monde. Le détachement ne prive pas de l'identification, ni de
l'action, mais il les pose extérieures au moi, et tous les changements sont
alors plus faciles.
Soleil en maison Onze
On peut dire que le soleil est en quelque sorte en face de « chez
lui », et il est donc intéressant de coupler les énergies de l'axe, car la
maison 11 est si ample qu'y construire son soleil n'est pas facile. C'est comme
s'il y avait trop de places possibles, beaucoup de sollicitations qui pénètrent
l'identité et qui lui permettent de se reconnaître dans des choses diverses et
hétéroclites, avec un certain attrait pour le nouveau. Alors, on peut envisager
que beaucoup d'identifications rivalisent pour appeler le soleil, on peut avoir
un goût pour l'avenir prononcé, et souffrir des lois socio-culturelles. Avec la
12, la maison 11 permet au soleil de récapituler le thème pour l'intégrer, et l'on
peut penser qu'ici, une certaine exigence est masquée, celle de se sentir
appartenir à une seule collectivité, au Plerôme, dirait Rudhyar. C'est même
assez paradoxal, le soleil doit se manifester comme la lumière du moi lui-même,
mais ce n'est pas pour sa jouissance personnelle seulement, cette lumière peut
être dédiée à tous, à l'époque, à l'Histoire. C'est donc la différence
essentielle d'avec la 5, où le moi jouit du moi, où le soleil brille pour
lui-même ; au contraire ici, l'individuation tient compte des besoins
collectifs, et c'est comme si l'individu devait incarner des valeurs
transpersonnelles, qui vont bien au-delà de la subjectivité individuelle. Donc,
ce n'est pas aisé. Si la personne a un sens aigu des valeurs collectives, elle
souffre et veut les dépasser, et ce cheminement-là ne doit pas l'isoler, alors
c'est une maison intéressante, panoramique, et le soleil ici pourrait prendre
pour devise : rien de ce qui est humain ne m'est étranger. On peut
poursuivre le travail de la 10, c'est plus flou, il n'y a plus la pression de
l'Angle, mais c'est plus libre et créatif, et plus aléatoire.
On peut avancer que ceux qui veulent réellement réformer les choses
réussiront avec un soleil en 11, si le luminaire ne joue pas
« personnel », contrairement au soleil d'en face qui peut mettre
l'accent sur le génie d'une personne, quitte à ce qu'elle se fâche avec le
monde entier. Tandis qu'en 11, le soleil veut appartenir à l'avenir en quelque
sorte, et même s'il demeure le symbole de l'identité du moi, ce moi se réalise
mieux s'il incarne en même temps des valeurs utiles à la société, voire à
l'espèce humaine. Identité avec la 9 : s'intéresser à tout, et tant pis si
personne ne suit.
Soleil en maison Deux
Le Soleil en 2, c'est aussi une position relativement narcissique mais
naturelle, où la création de l'identité s'effectue à partir de ce que le sujet
peut puiser dans le non-moi, pour construire son organisation personnelle.
L'identité vraie se bâtit à travers des choses concrètes, la conquête du corps,
la santé, une emprise éclairée sur la matière, l'alimentation, des recherches
sur tout ce qui facilite le quotidien, mais il me semble que c'est une position
difficile car le soleil est en quelque sorte toujours tenté de prendre des
raccourcis, il voudrait déjà être plus loin, mais non, il est confronté à ce
que les chinois appellent la difficulté initiale, il n'est plus soutenu par
l'Ascendant, il n'est pas encore ouvert au présent, ni vraiment attiré par
l'enracinement et encore moins par son propre essor naturel en 5, et pourtant
tout semble donné, car c'est ici le contraire de la 8, alors comment servir
l'identité dans ce monde de choses en vrac, qui ne sont pas encore ordonnées,
qui sont perçues de manière très subjective, puisque nous sommes au début de l'hémisphère
inférieur ? Dans ses zones obscures, compulsives, l'identité en germe
risque de vouloir trop de choses, de s'affirmer de manière trop péremptoire, de
confondre ce qu'elle doit incarner, une position fière et réaliste, avec une
certaine ambition inconsciente. Ce n'est donc pas facile du tout, car si tout
le réel semble une mine à disposition, une caverne d'Ali Baba, encore faut-il
transformer en connaissance intérieure ce qu'il procure, au lieu de se
satisfaire d'appropriations diverses, même subtiles. Il est probable que le
sujet doive s'ouvrir à la 8 et mieux reconnaître qu'il dépend du Tout avant de
vouloir bâtir son identité, sinon cela se passerait en « circuit
fermé », et finalement, nous pouvons adopter ce principe pour toutes les
maisons solaires. Avant de parler d'une identité profonde qui se dévoile,
comment le sujet vit-il la maison d'en face. J'ai déjà personnellement remarqué
des « substitutions » dans l'axe 4/10, des soleils en 4 qui renient
les racines pour briller avec les planètes de la 10, alors méfiance, n'isolons
pas la maison solaire, ou alors seulement pour affirmer que l'énergie du signe
peut s'épurer et mener à l'essence de l'élément. La maison du soleil est
tributaire de la conscience que l'on a de la maison d'en face. Cela semble
parfaitement sonner juste avec un soleil en 12, qui marque souvent des
individus très « singuliers », presque enfermés dans leur propre moi,
s'ils ne vont pas descendre au charbon en 6, avec un profil bas, leur
transformation s'éternise ou échoue.
Le soleil en 2 pose donc d'une manière radicale la conscience que l'on
a de l'autorité du tout sur soi-même (8).
Aussi pouvons-nous seulement affirmer que cette position renvoie sans
cesse le sujet à ses propres limites, d'une manière inverse à celle de la 8. En
8, le non-moi fait la loi, et la marque du destin plane sur le sujet le plus
entreprenant, qui se prend les pieds dans le tapis, car le réel immense a
décidé de lui résister. En 2, tout semble possible, puisque le soleil et
l'ascendant se tiennent par la main et font un pied de nez aux maisons d'en
face, en proclamant une suprématie virtuelle du moi sur le non-moi... Mais tout
peut se dérober également si l'affirmation de soi ne repose que sur des
procédures d'appropriation et de compétence, avec sous-estimation du
« champ » des possibles, trop vite instrumentalisé à des fins
personnelles. Il reste à transformer en lumière cet irrésistible besoin de
participer au monde en « le faisant sien », avec ce soleil potentiel
involué dans la matière, et qui, pour se trouver lui-même, doit renoncer à ses
propres mirages : s'approprier les choses ou les êtres, ce qui est
tentant, pour se donner le change dans une fausse unité, une confusion entre
l'être et la satisfaction de dominer son propre territoire.
Avec cette position, le moi doit effectivement se définir par rapport
au fait qu'il est usufruitier de ce qu'il puise, et l'identité doit dépasser la
satisfaction de savourer ce qui lui appartient, pour déboucher sur un soleil en
coïncidence avec les aspects les plus matériels et prosaïques de l'existence.
C'est un soleil « paradoxal » qui pousse contre les résistances de la
matière, pour l'embellir, la rectifier, lui donner ses lettres de noblesse.
Soleil en maison Huit
C'est une position très difficile où on évolue en se (re)situant en
permanence vis-à-vis du Tout. Alors c'est très acéré, pour les gens qui ont le
moi très fort. Je pense qu'il y a certaines ruses chez le Divin, qu'on subodore
quand on fait de l'astrologie karmique par exemple, et on se régale intellectuellement
parce qu'on se dit « tiens, il y a des gens qui ont l'habitude de tout
régenter et il faut que rien ne leur résiste, et ils se retrouvent avec un
Soleil en 8... ».
Je connais des gens qui vivent des choses auxquelles ils ne s'attendent
pas parce qu'ils ont réglé ce qui concerne leur attitude dans cette vie-ci,
mais maintenant il faut attaquer des positions fausses d'autres vies, mais là,
ils ne veulent pas y aller, et en général ils se débrouillent pour mal
comprendre la « réincarnation ». Cela les dispense d'imaginer que
leur principe, plus profond que le propre sentiment du moi qu'ils obtiennent, a
emmené avec lui quelques bagages de trop, dont ils pourraient se libérer, même
facilement, à condition d'admettre qu'il faut aider ce principe, que nous
chevauchons pendant la vie, à évoluer. Ils veulent bien régler, avec une
certaine superbe, ce qu'il y a dans cette vie-ci, mais quand cela est réglé...
Est-ce que là où c'est enfoui, on y va ? Oui, la réincarnation ;
c'est difficile à expliquer, moi je vois parfois, grâce à Kiron ou la 8 ou la
12, que l'être en face de moi est venu avec quelque chose qui le dépasse et
l'encombre, et j'ai même les images qui correspondent, quand il était un autre,
mais ce genre d'expériences dépend beaucoup de la volonté d'évoluer. Si une
personne n'a pas d'aspiration forte, je ne vois rien, même si elle me le
demande.
Étant donné qu'avec le Soleil en 8, très souvent, il peut y avoir une
coloration karmique, c'est prévu que la fatalité soit plus forte, de manière à
ce que la liberté excessive de l'individu (qui a peut-être bafoué sans le
savoir quelques lois cosmiques) soit confrontée à des événements, à des choses
qui lui résistent.
Le Soleil en 8, ça rehausse (le sentiment de) la fatalité, donc cela
demande une sorte de vigilance supérieure, mais si la personne réexamine son
identité en permanence par rapport au Tout, et c'est peut-être le but de
cette position, c'est que le moi se heurte à un tas de choses, et puis qu'à
un moment donné, il accepte de lâcher prise, ce qui est vrai avec le Soleil
ici, mais aussi avec d'autres planètes dans le secteur. Et c'est vrai que la
fatalité, elle est là, et le Soleil n'aime pas la fatalité puisqu'il veut
croître dans son autonomie, son indépendance. Un Soleil en huit, en astrologie
médicale, c'est toujours mauvais, toujours des problèmes de santé. On pourrait
faire une astrologie médicale qui débouche sur le psychosomatique, et penser
que les personnes atteintes physiquement à cause des carrés au soleil natal en
maison huit, dans leur intégrité physique, ce n'est que la conclusion de choses
qui ne vont pas au niveau de l'image de soi, de l'idéal solaire et de
l'image de l'identité personnelle ou de la relation au non-moi.
Soleil en maison Trois
C'est une position assez exigeante, car il faut se tenir dans une forme
de disponibilité permanente, ce qui est le vrai sens de la maison 3,
puisque c'est l'immédiat. Cette immédiateté se construit en 4, en quelque sorte,
qui fonde la répétition du même, et nous devons donc déjà comprendre que le
Fond du ciel rassemble les forces de l'ascendant, purement subjectives, celles
de la maison 2, qui fonde le non-moi dans le moi, en lui permettant de prendre
et de recevoir ce dont il a besoin, mais la troisième maison indique qu'à
partir de maintenant, le moi et le terrain de jeux, la 2, se rencontrent et ne
peuvent se rencontrer qu'à travers un médium, la durée pure, et, dans ce
sens-là, les Gémeaux collent exactement à la maison, l'air indomptable
symbolise tous les potentiels que la durée met à disposition. La terre fixe du
Taureau scelle le moi à la réalité concrète, et l'ascendant précipite le sujet
dans la perception, le type de perception conforme à l'énergie du signe. La
maison 3 est donc plus importante que ce que l'astrologie traditionnelle
suppose, et qu'elle caricature en évoquant les objets familiers, les frères et
sœurs, le voisinage, et les écrits. Elle ne peut préparer la 4 que si le moi
vit conjointement son ascendant et la maison 2 dans une certaine
harmonie : je suis ici, et je peux découvrir le maintenant. Or, si ce
maintenant n'est pas assez souple, la maison 4 se construit sur des valeurs
figées, comme le simple prolongement de l'ascendant et de la 2, et la personne
est confinée, elle devra donc un jour ou l'autre revenir à la question de sa
perception du présent, hors de ses attentes, et, par la même occasion, hors de
ses craintes.
La personne synthétise son identité, la façonne à travers beaucoup de
relations, vis-à-vis des autres, elle a besoin de ces relations-là, elle a
besoin d'assimiler beaucoup de choses, et en même temps, elle est influençable
par l'entourage, c'est un jeune soleil qui se nourrit alentour, empiriquement,
et qui n'attend pas assez de lui-même. Cela peut être flou, ce n'est pas une
maison très précise ni très structurée, ce n'est pas par rapport à soi-même
comme pour la maison 1, ni tirer les choses pour soi comme la deux, ce n'est
pas réellement fondateur et référentiel comme la 4 ... C'est assez subtil et
difficile à délimiter l'axe trois/neuf. Donc, c'est un peu tout et rien,
difficulté à se définir par rapport aux autres, ce qu'on attend d'eux, c'est
délicat finalement comme position, on peut être très ouvert, parfois même
malléable, sans pour autant s'affirmer, aussi faut-il intérioriser l'énergie du
signe, et voir en quoi elle sert l'identité plutôt que la perception de
l'extérieur, bref, c'est une position mi-figue mi-raisin.
Le moi est absorbé dans le non-moi qui se présente, et il ne sait pas
encore comment en tirer quelque chose pour lui, pour son identité. C'est
peut-être une position spéciale qui permet de s'identifier et de se
désidentifier en permanence pour les plus habiles, et de toujours tenir compte
et transformer ce qui est concret, comme en maison 2, mais ici le relationnel
joue un rôle beaucoup plus important. Cette question se pose aussi dans les
autres maisons où l'essor du soleil est en quelque sorte retenu, la 6, la 8, la
12, dans lesquelles la pression du non-moi est vraiment forte, ce qui exige
parfois un effort vers l'identité, c'est-à-dire, pourrait-on simplifier, un
soutien de Saturne. Tout cela est complexe, évidemment, pour la maison 3, son
maître et Mercure doivent collaborer à l'essor solaire, c'est peut-être
l'occasion de développer le recul, et d'apprendre la distance... C'est un soleil
très subjectif, qui doit s'ouvrir vers la maison 9.
Soleil en maison Neuf
La personne a besoin de se situer par rapport à un modèle, donc c'est
très délicat parce qu'il faut identifier ces modèles conscients et
inconscients. Si le modèle est inconscient avec le soleil en 9, on a affaire à
tous ces gens qui sont les thuriféraires du gourou machin, qui sont là aux
pieds du maître et tout, ils s'y sentent bien car ils jouissent de l'ombre que
fait le maître.
Ici, donc, l'identité a besoin d'un modèle, et les astrologues se fient
à la maison pour décréter que le moi doit s'intéresser « aux
philosophies », ou qu'il aime les voyages, etc. Si le soleil, c'est la
création de l'identité personnelle et que cela ne peut pas s'effectuer
directement, comme en maison 1, cela passe par des modèles, les parents en 4,
le partenaire en 7, mais la signification de la maison 9, c' est avant
tout l'étendue, et il est donc normal pour une personne ayant le soleil en 9
qu'elle papillonne, et même qu'elle hésite, sa curiosité doit l'emmener à
découvrir beaucoup de choses, jusqu'à ce qu'elle prenne position, et vive pour
des valeurs. Elle doit incarner les valeurs choisies intimement,
psychologiquement, et c'est donc différent de la 10 où les autres attendent et
vérifient ce que l'on fait.
C'est donc une maison qui peut paraître beaucoup plus facile que les
deux autres qui l'encadrent, mais cette facilité constitue un piège, on peut
s'enfermer dans un idéalisme sectaire et se donner le change avec cette
position, ou bien l'on peut s'identifier à ceux que l'on admire, et à travers
cette admiration, récolter les bénéfices d'une image de soi réconfortante, mais
illusoire, dans un jeu de miroirs... Le but n'est pas de rester inféodé à un
modèle, et c'est pour cela que j'ai commencé par dire : « il y a un
modèle »: est-il inconscient ? On trouve dans cette maison les
principes de « ce qui devrait être », mais n'est pas encore
manifesté, alors, on est sous la tutelle d'un modèle qui est inconscient, ou
normalisé et hérité, une empreinte, finalement, religieuse ou politique, et
c'est insuffisant. La loi ici, en quelque sorte, c'est de s'aventurer pour
trouver soi-même le sens qu'on veut donner aux choses, mais en y participant.
C'est la confirmation de la 5, dans un espace plus ouvert, avec un échange
rigoureux entre le moi et le non-moi, et une manière d'incarner ses propres
valeurs, librement, en milieu ouvert.
C'est important de voir qu'un soleil ici, a toutes les chances de
rester virtuel, car rien ne le force, peu de chose le contraint, contrairement
à la 6, 8, 10, 12, et même 4, avec le poids de l'héritage. Donc, les maisons où
le soleil semble plus « libre », comme la 5, la 9 et la 11, cela ne
résoudra rien, et parfois, c'est le contraire. Si le jeu de la différenciation
individuelle n'est pas un peu provoqué par l'adversité et les difficultés, le
soleil en maisons faciles peut en quelque sorte permettre à l'individu
générique de s'épanouir, sans aller au-delà. C'est-à-dire qu'on ne remet pas
grand-chose en question, mais qu'on a le sentiment quand même que la vie est
faite pour soi, tout en conservant des valeurs et perceptions ordinaires. Il
n'y a pas moyen de savoir ce qui réglemente l'accès à la conscience cosmique,
puis divine. Justement la maison 9 devrait servir, quelles que soient les
planètes qui l'occupent, à augmenter le champ de conscience, à
reconnaître, amoureusement, l'étendue, celle du temps et celle de l'espace,
comme un partenaire privilégié.
À travers la pratique de l'astrologie, une personne qui a le soleil en
9 peut trouver des modèles, des images du soleil, de ce qu'est l'identité. Le
modèle n'est pas négatif au départ, on ne peut pas supprimer par exemple dans
la croissance d'un enfant l'image père et l'image mère, pareil à l'adolescence,
on ne peut pas supprimer l'embellissement de l'autre, qui est l'image du
partenaire, thème qui a déjà été traité par Stendhal, parce que la
personnalité subjective est obligée d'en rajouter sur ce qui existe à
l'extérieur, donc, quand on embellit une autre personne parce qu'on l'aime il y
a un embellissement vénusien, c'est normal.
Pour le soleil, on a une notion de l'identité, du moi, au départ, et on
va être confronté à cette réalité, conformément à la place du Soleil ici en 9,
qui est la maison des philosophies, des voyages, des abstractions et des
modèles. Comment devenir un soleil ? D'abord en prenant conscience qu'il
existe d'autres soleils, et identifier ce que sont d'autres soleils. Alors à
une époque, il y a 30 ans, il y avait beaucoup de gens qui se « vantaient »
de leur soleil en 9, parce qu'ils avaient tous leur gourou, et les gens se
renvoyaient des compliments, ah vous avez le soleil en 9 ! Mais cela va un
moment, si on ne dépasse jamais le gourou, ce n'est pas intéressant. Ce n'est
pas intéressant d'avoir des béquilles toute la vie. Donc la symbolique de cette
maison, c'est assez délicat, parce qu'il y a des choses qui peuvent être trop
mentalisées, puisqu'on en a la capacité, mais pour s'identifier soi-même ici,
il faut un modèle, c'est un besoin, mais il faut identifier le modèle. C'est
légitime dans cette position de puiser à de multiples sources, de s'imprégner
de beaucoup de choses, alors que ce n'est pas forcément légitime d'avoir autant
d'images de l'identité, qui peuvent sembler complètement abstraites si on a le
soleil autre part.
Donc, c'est bien de reconnaître ce qui est légitime à partir de la
position du Soleil et c'est très intéressant ici, mais à double tranchant.
Intéressant parce qu'il y a une facilité déconcertante pour définir
correctement ce qu'est l'identité solaire par rapport à des modèles, ce n'est
pas compliqué pour ceux qui ont cette position, mais après, pour faire
descendre cela en soi, c'est une autre histoire. La représentation des choses
est facile en maison 9, mais on peut aussi se donner le change, c'est-à-dire
connaître toutes les réponses sans jamais les appliquer.
Il y a quelque chose dans cette maison qui va devant l'événement, qui
est en avance sur l'événement, donc quelque chose qui peut être novateur mais
pas dans le réel, dans ce qui est abstrait, dans ce qui est même imaginaire.
C'est donc une belle position pour aller de l'avant, mais on risque de ne rien
emmener de ce qui reste à transformer derrière, on risque de ne pas revenir au
monde concret. Parce que c'est là, ça brille, ça s'organise, ce n'est plus
contraignant comme la 8, mais ce n'est pas très concret comme la 10, donc c'est
un axe où la réalité est représentée comme ça, c'est l'axe trois/neuf, où les
choses sont très plastiques, on peut exagérer, c'est un axe d'espace,
donc le soleil ici, on veut peut-être un soleil très lumineux, on a une vision
très nette de ce que peut être un soleil très lumineux mais où est ce
soleil ? On a bien compris ce qu'il était, ce qu'était la lumière du
soleil, mais on n'a pas compris qu'il est au centre du système.
Soleil en maison Six
Position très délicate, très fragile, puisque le Soleil en 6 récapitule
l'acquis des maisons précédentes, et s'ouvre déjà sur les maisons du non-moi,
donc on peut dire qu'il y a un flou artistique chez les personnes avec cette
position, elles ont besoin de trouver leur identité par rapport à des choses
qui ne dépendent pas d'elles, c'est déjà l'intrusion involuée de
l'hémisphère supérieur dans la maison 6, comme dans le schéma du yin et du yang
(les petits points dans les gouttes entrelacées), la maison six et la douze
c'est ça, en fin de compte, nous, on établit une limite mentale avec la ligne
de l'ascendant et du descendant, mais c'est une ligne qui est complètement
factice, parce que le soleil est un, s'il veut croître, il y a tout le
temps ce bilan permanent à faire, de ce qui a été vécu là. Donc en maison 6,
c'est délicat parce qu'on veut être un soleil, (on a virtuellement dépassé la
maison 5), mais on ne peut plus être un soleil maison 5, ce n'est plus le
moment, ni même un soleil en 7, c'est trop tôt, donc c'est en se positionnant
par rapport à ce qu'on attend de soi-même et aussi par rapport au non-moi qui
commence à appeler, qu'on peut faire germer le soleil.
On dit que c'est une maison de service etc., c'est-à-dire toutes ces
choses contraignantes, il n'y a pas le partage de l'affect (7) ni la liberté de
la (5), le Soleil en 6, c'est humble, c'est un cheminement de l'identité
personnelle qui se fait à travers des petites choses. Il ne revendique pas
grand-chose ce soleil en 6, mais il peut donner beaucoup aux autres, sans
tambour ni trompettes, et se construire en assimilant ce qui vient du non-moi,
c'est rarement une affirmation directe comme en 1 ou en 5, ou 10, il est
nécessaire de résoudre le poids de tout l'hémisphère supérieur qui s'avance
sans renoncer à être soi-même.
C'est peut-être là qu'il est vraiment indispensable de toujours apprendre,
apprendre, pour participer correctement, tout en trouvant sa place. Ce
n'est pas facile, sans vigilance, la place vient du dessus, imposée par
l'autorité globale de l'hémisphère supérieur, elle a traversé l'hémisphère
supérieur en quelque sorte jusqu'au moi, et comme l'accent de cette maison
n'est pas encore vraiment le non-moi, et que ce n'est plus non plus le moi,
(car c' est le soleil de la 5 qui représente le mieux l'hémisphère
inférieur), il faut faire dans la dentelle...
Etre à la fois moi et non-moi, en surfant. Enseigner, servir, agir pour
les autres tout en trouvant une satisfaction personnelle dans cette
reconnaissance de l'hémisphère supérieur qui s'avance, tout en restant un peu
en filigrane. En étirant le concept, on peut imaginer qu'il est utile de
chercher les moyens pour être à la hauteur de l'hémisphère 7/12 qui vient à la
rencontre, car on ne peut plus pavoiser dans le registre de la 5, la maison la
plus libre de toutes. Alors oui, sans un profil bas, on peut regretter la
désinvolture d'un soleil en 5 et l'attrait d'un soleil en 7, qui valorise
automatiquement l'autre et l'altérité. Ici, chercher sa place est difficile,
alors apprendre, savoir se relier, autrement que par les affects, à toute la
réalité, cela invite le non-moi, et l'on peut lui donner sa flamme, tout en
cherchant sa propre lumière.
Donc, la question pour les personnes qui ont cette position, c'est
comment conçoivent-elles leur utilité vis-à-vis de tout cet hémisphère dans
lequel symboliquement elles se préparent à entrer, l'utilité, elle est
complètement posée et évidente en maison 10, mais le soleil en 6 c'est une
préparation à entrer dans le monde du non-moi, donc c'est toujours un petit peu
flou, est-ce que je fais les choses pour moi, ou pour les autres, est-ce que je
me développe moi ou à travers ce que je donne aux autres, mais c'est éminemment
tourné vers les autres.
Le moi et le non-moi sont un peu indissociables, en six comme en douze.
Soleil en maison Douze
C'est la révision permanente des valeurs pour la création de l'identité
personnelle avec moins de liberté qu'en maison 1. La grande différence entre un
soleil/12 et soleil/1 : à l'ascendant, on s'occupe de soi, on s'investit
dans sa propre personnalité, on avance comme cela, on est toujours au premier
plan, on peut collaborer d'une manière plus gratifiante, alors qu'en 12, il
faut lâcher, lâcher et lâcher, toujours lâcher des choses. C'est la position où
l'on pète les plombs si l'on n'est pas « détaché du fruit des
œuvres », car il semble qu'il n'y ait pas de commune mesure entre ce que
l'on fait et ce que l'on récolte. C'est normal, ici, on peut faire un bilan
extrêmement complet de la gestion de toutes les maisons précédentes, donc,
pourquoi se plaindre ? C'est la position rêvée pour intégrer tout le thème
si l'on se donne la peine de le faire, car ce n'est plus nécessaire de pousser
le soleil en avant, de revendiquer du moi, il suffit de décanter, donc
c'est merveilleux, mais comme d'habitude, l'être humain ignorant les principes
cosmiques, le soleil en 12 a mauvaise réputation en astrologie événementielle.
Cela ne vient à l'esprit d'aucun astrologue que les difficultés attribuées à
cette maison sont une chance. Se sentir « enfermé », ou exclu, c'est
la chance la plus naturelle de s'ouvrir à l'inconnu, comme dirait Krishnamurti.
Alors pourquoi refuser un soleil en 12 ? Désolé, c'est la lune en 12, pour
les femmes, qui est vraiment contraignante. Le soleil, c'est virtuel, alors un
soleil en 12, comme dans n'importe quelle autre maison, il germe ou pas, sous
l'influx de la conscience. Est-il davantage empêché de se manifester ?
Non, au contraire, se sentir privé d'identité est un excellent moyen de
découvrir un « qui suis-je » profond, et vu la maison en question,
tout est permis, la recherche de l'intégrité, le contact avec l'âme, l'appel du
Divin, la consécration pure. Peut-être que l'énergie de l'élément,
effectivement, est à revoir de fond en comble, qu'elle fonctionne mal ou en
circuit fermé. Mais la fin de la 12, c'est l'Ascendant, donc l'énergie
du signe doit se renouveler sans cesse. Même en signe fixe. Un soleil en 12
en signe fixe exige une force considérable si c'est le même signe que
l'ascendant, c'est la cristallisation, la sclérose, l'ennemi de la vie et du
mental, on en revient donc toujours à faire de Mercure l'outil de la saisie du
présent, sans arrière-pensée ni calcul, tandis que les élans, s'ils sont par
principe purs, se jettent sur n'importe quel objet, on le voit avec vénus-mars,
et l'élan jupitérien est aussi, souvent, assez grossier. Alors le mouvement
contre les fossilisations revient à mercure, et au soleil qui se distancie des
événements, mais le mouvement est rarement inspiré tant il est avide de son
objet.
Cela ouvre une perspective sur l'éloge du soi, conscience dans laquelle
ni la conservation ni la nouveauté ne sont privilégiées, un peu comme si le
temps n'existait pas. On ne s'accroche pas plus à obtenir qu'à conserver, et
vous êtes pris pour un martien ou un débile, mais c'est vraiment pratique quand
même.
Problématique d'un Ascendant non intégré
J'ai vu des personnes qui ne se remettent jamais en question, qui
n'arrivent pas à incorporer l'énergie de leur signe ascendant, c'est comme une
pièce rapportée. J'ai vu cela avec des femmes, soleil cancer avec des valeurs
vénusiennes, neptuniennes, qui se retrouvent avec un ascendant Bélier et là pas
de trace du Bélier ! Parce que la conscience ne fonctionne pas
suffisamment, donc le mouvement de l'énergie en spirale, en tourbillon, en
cycle un/douze ne fonctionne pas, alors forcément elles ne savent jamais quoi
faire de leur ascendant, de temps en temps il y a une impulsion Bélier, alors
elles font de grosses bêtises, et puis après, en se retournant sur ce qu'elles
ont fait, elles se demandent comment elles ont pu faire cela ! L'ascendant
n'est absolument pas connecté. J'ai vraiment vu plusieurs personnes absolument
inconscientes de leur ascendant, il peut être même complètement refoulé parce
qu'on ne sait pas l'utiliser.
Je dis la même chose que bien des maîtres en passant par
l'astrologie : une personne qui s'observe met en marche le soleil, qui est
une puissance d'investigation sur tout ce que Krishnarmurti appelle les
projections, parce qu'il transforme mercure en exigeant de lui la vérité.
Les projections, ce sont principalement la relation Mars/Vénus. Ensuite, il
dénonce les identifications primaires, tribales, émotionnelles. Qu'est ce que
c'est : c'est le monde lunaire, et les réactions du moi contingent à son
milieu. Puis il dénonce les inféodations : c'est le monde saturnien,
strict, avec récupération jupitérienne, les superstructures, les liturgies
religieuses, politiques, les mouvements qui donnent bonne conscience sans
libérer l'individu.
Bien, si on regarde, on sent bien que la maison Douze et la maison Un,
c'est quasiment la même chose : on doit faire perpétuellement des bilans
(l'Ascendant coupe le signe) et ces bilans doivent être perpétuellement
réorientés conformément aux moyens dont la force de l'ascendant agit, donc, si
l'éveil n'est pas suffisant, le moi n'est pas consciemment relié à toute la
personnalité, et quand l'ascendant n'est pas connecté, il y a des moments où la
personne se conduit sous l'impulsion de ce qui n'est pas intégré : une
situation particulière revient à la surface et l'emporte. Après, elle ne se
reconnaît pas elle-même, donc c'est bien un problème d'intégration et de
reconnaissance des énergies psychiques. On trouve donc en 12, s'il n'y a pas de
spirale évolutive, les scories de l'énergie de l'ascendant qui est mal
utilisée, et si le soleil s'y trouve aussi, c'est donc que toute l'énergie
du signe doit être radicalement transformée.
Moi, je ne vois pas pourquoi on essaye de prédire aux individus quoi
que ce soit avant d'avoir vérifié s'ils se reconnaissent dans la création de
l'identité solaire et s'ils reconnaissent le champ moi ou non-moi du soleil! Ce
n'est pas évident, le soleil reste potentiel, donne les caractéristiques du
signe, qu'il étale un peu partout, mais en revenir à la maison permet de
centrer le travail... Il y a des gens qui ont le soleil en 5 et qui attendent 50
ans passés pour se mettre à peindre ! C'est-à-dire qu'avec cette position,
on peut attendre très longtemps ou trop longtemps pour faire quelque chose qui
corresponde à la maison, ce qui prouve bien qu'on n'est pas conscient au départ
de ce que demande la position du soleil dans son secteur.
Vivre son Signe Solaire
La position du Soleil en maison peut parfois expliquer des choses que
nous ne comprenons pas avec un soleil dans un autre signe, parce qu'il y a
peut-être une concentration d'énergie, une concentration de synthèse qui nous
échappe. C'est intéressant d'identifier comment une personne vit son soleil en
signe, parce que, si elle ne le vit pas, elle ne peut pas évoluer. La première
phase : je m'identifie aux propriétés du signe, peut rester
naturelle et compulsive, on se vante des qualités et on tolère en soi les
compulsions qui vont avec.
Deuxième phase, voir les compulsions du signe qui apparaissent,
c'est-à-dire les modèles caricaturaux qui correspondent au soleil en signe, par
exemple.
L'impétuosité Bélier, et son art de tourner les pages en toute
impunité
La possessivité Taureau, et ses colères rares et mortelles,
Le tourbillon verbal Gémeaux, et sa versatilité
L'émotion cocooning Cancer, et son culte de l'émotion
Le « m'as-tu vu » du Lion, et son tutoiement du réel,
La demande de sécurité Vierge, et son besoin compulsif
d'organiser le présent,
La projection exhaustive dans l'autre, Balance, et ses
déceptions religieuses,
L'ambiguïté de la relation à l'autre, sexuelle et affective du Scorpion,
La confusion entre l'intérêt personnel et la collaboration, qui
constitue la compulsion Sagittaire type — où c'est confondu, on n'arrive
pas toujours à savoir si ce sont de vrais opportunistes, s'ils vous utilisent
ou vous apprécient.
La réserve Capricorne, avec cette distance forcée que le Soleil
cherche ici à prendre vis-à-vis des émotions... Pour les Capricorne, la
moindre chose est irrationnelle, il faut voir à quel point le soupçon
d'irrationnel est toujours là, ce qui lui permet de cautionner la stratégie
du calcul, qui, en bout de course, mène à la manipulation dans tous les
domaines, ou l'obsession du « contrôle ».
La compulsion Verseau, c'est l'alternance du retrait et de la
distance et de l'esprit sectaire de luxe ou du quasi-génie, parce que c'est un
signe d'air mais plus structuré que les deux autres,
La compulsion du Poissons enfin, c'est le refuge dans
l'émotionnel, l'alcool, la drogue, une forme de dépendance quelconque, qui
donne le sentiment illusoire d'une ramification exhaustive au non-moi.
Une fois que le Soleil est identifié, le travail alchimique
permet de traverser la zone des compulsions, puis des programmations
génétiques, car on cherche à se libérer des caractères héréditaires négatifs
transmis. Sans le besoin d'être soi-même, qui s'oppose à la transmission
héréditaire, on peut manifester les tares, les faiblesses, les défauts de
caractère de ses parents, en tout cas en partie.
Pour chaque Soleil en maison, il y a des formes d'épreuves
initiatiques, des zones à traverser, la dépendance par exemple pour le Soleil
en 7 — jusqu'où on va pour l'autre — en 10, jusqu'où aller pour trouver sa
place, est-ce qu'on fait des compromis ou pas ; est-ce qu'on accepte
l'autorité du Tout, en 8 et en 12, en apprenant peu à peu à lâcher prise, à
tout accueillir... Donc, il y a toujours des zones obscures à traverser pour
permettre le mouvement de l'évolution, et aucune maison n'est meilleure qu'une
autre pour le soleil. Même si le besoin d'identité personnelle est mieux
implanté en 5, il ne trouve pas plus facilement son chemin, et même si le
soleil en 12 semble défavorable, il limite au contraire la subjectivité du moi
et le guide plus sûrement vers l'universel, s'il se soumet au tao, au Divin.
La position du soleil en maison indique le lieu où toutes les autres
maisons se réunissent pour faire éclore la conscience du vrai Moi, ou du Soi,
et c'est donc l'interprétation de l'ensemble du thème que doit prendre en
compte la conscience individuelle, puisque le soleil, l'identité pure,
n'émergera qu'une fois les aspects couplés et intégrés.
Dialectique des Hémisphères
Ce qui est grave, c'est que, quand on a le soleil en dessous de
l'horizon, mais qu'on est contaminé par le non-moi (prépondérance de
l'hémisphère supérieur), on refuse de passer concrètement par soi-même, qu'on
soit contaminé par du vénus, du neptune, peu importe ... Quelqu'un qui est
très non-moi, très envahi par l'autre, très réceptif, (ou très soumis), s'il a
un soleil en dessous, il va falloir qu'il lâche le pôle de l'invasion subie, de
la viscosité, et qu'il se dise : moi je suis moi, et qu'il s'identifie
à lui-même.
Par contre une personne qui est très marquée par Mars, Saturne, Uranus,
si elle a un Soleil au-dessus, il ne faut pas croire qu'elle va rayonner en se
regardant dans la glace tous les matins, elle ne pourra rayonner qu'en
commençant à reconnaître que son soleil est dans une maison collective. Alors
disons, attention, le soleil c'est de la mécanique de précision, ça se dérègle
facilement, parce qu'il tient tous les rouages du thème, alors on peut
passer du triomphalisme au dénigrement de soi si l'on n'ajuste pas son
thème.
Rien que des choses aussi simples que cela, il y a très peu de gens qui
en ont conscience, parce que notre polarité moi/non-moi n'est pas distribuée de
la même façon. Donc, on peut être très structuré en tant qu'individu, actif,
saturnien, masculin, martien, uranien et puis croire qu'à cause de cela on va
encore rayonner d'une manière franche, mais ce n'est pas vrai, si on se
retrouve avec un soleil en 7, 8, 9, 10, 12, à un moment il peut surgir un gros
conflit. L'identification solaire peut tomber en panne, et retourner le couteau
dans la plaie, « qui es-tu vraiment ? » Avec le soleil au-dessus
de l'horizon, quelle que soit la force individuelle, la connaissance de soi, il
y a une partie de l'individu, même le plus structuré, qui est (potentiellement)
vulnérable au non-moi, vulnérable à l'autre, au partage, à l'amour, il faut que
ce soit reconnu, et ça brise les limites, éloigne la possibilité de plafonner.
Donc, comme dans cette zone on peut traiter les fonctions planétaires
par rapport à soi-même, et puis dans la zone au dessus elles doivent être
traitées par rapport à l'ouverture et qu'on a des planètes de part et d'autre,
il y a déjà toute une dialectique extrêmement difficile à vivre entre ce que
l'on fait pour soi, ce que l'on vit pour soi et ce que l'on vit dans la
viscosité du non-moi, Lune, Vénus, Jupiter etc. Vraiment très peu de gens sont
conscients de cela. Il y a des gens qui nient trop facilement la polarité yin
pour en revenir à leur image de « caporal-chef de carrière », c'est
le réflexe, quand on est trop envahi par le non-moi, le réflexe est de le
limiter, c'est le réflexe saturnien, on ne laisse plus rien entrer. Ce n'est
pas nous qui sommes en cause, ce sont les fonctionnements de la nature, on prend
un coup dans la figure mais on ne va pas retourner voir...
Si on regarde tous les systèmes, de punition par exemple, c'est
quoi : C'est faire mal pour qu'on n'y retourne pas. Alors, il n'y a rien
de plus universel que la punition, on retrouve des formes de punition dans
pratiquement tous les systèmes d'éducation, on prend un coup sur la figure, on
ne retourne surtout pas voir ce qui se passe. Moi, je dis que c'est un
scandale, si on ne retourne pas voir, le résultat c'est qu'à trente ans on a
tout atrophié. On peut atrophier la fonction vénusienne après un chagrin
d'amour, on peut atrophier la fonction saturnienne, chez les femmes souvent si
la relation avec leur père n'a pas été satisfaisante, elles ne veulent plus
entendre parler de rien, ni de loi, de principes, d'autorité etc., ou au
contraire elles abdiquent tout, ce qui revient au même ; on peut atrophier
la sensibilité lunaire, parce qu'on a peur de souffrir, donc on se prive
d'émotions, on peut atrophier l'identité solaire parce qu'on se dit « Où vais-je
aller si je ne respecte pas le code socio-culturel ? »
Donc, toutes les fonctions psychiques peuvent s'atrophier à un moment
donné, parce qu'elles n'ont pas pu se développer conformément au schéma
énergétique, ou parce qu'on n'a pas su dépasser une fatalité qui est présente
et signifiée dans le thème, la maison 8 par exemple, ou encore tous les points
qui semblent incontournables. À chaque fois qu'on a affaire à des gens qui ont
atrophié leur fonction psychique, on trouve des individus pour qui, à un moment
donné, soit la vie les amène à un obstacle majeur, soit les transits le font,
mais une fois qu'une fonction psychique est atrophiée, il y a un seuil qu'on ne
peut plus franchir. Si le soleil est atrophié, à aucun moment une personne ne
peut dire : je vais faire ce que j'ai décidé de faire. Elle ne peut
pas, elle fera quelque chose qu'on lui aura dicté, dit qu'il faut faire parce
que c'est bien, avec un soleil atrophié, la personne ne peut pas agir par
elle-même, ce n'est pas possible.
Ce moment, où l'on peut prendre conscience du soleil, n'est pas un
moment qui doit être dicté de l'extérieur, même pas par un transit astrologique
ni rien, cela concerne l'intimité de la conscience, une émotion d'une
profondeur incroyable, abyssale, où il apparaît qu'on est redevable à la vie,
et que le cinéma du moi-je, c'est fini de chez terminé. L'univers n'est plus le
prolongement de soi, mais devient objectif : il constitue désormais le
miroir du moi piégé dans les luminaires et les planètes, bien ficelées ensemble
dans les éléments... Ce qui est important de comprendre, (cela a été traité chez
Jung qui a créé ce concept d'individuation et qui ensuite a été assimilé par
d'autres écoles) c'est que cet essor solaire est le moyen qu'emploie l'être
psychique pour découvrir et apprécier la Manifestation. Sans cet essor
inconditionnel, qui fait penser aux ailes des anges (mais il faut aussi
concrétiser), certaines fonctions qui ne marchent pas assez
s'atrophient. Il y a des fonctions qu'on peut faire diminuer sans préjudice, la
fonction du désir, par exemple, ou la sensiblerie lunaire, mais il y a aussi un
tas de procédures qu'on gagne à augmenter, mais pour cela, il faut aussi les
corriger. Alors certains préfèrent s'en tenir là. S'il faut trop bosser pour
avoir un meilleur saturne, uranus, neptune ou Pluton, en général on s'en tient
à leur manifestation naturelle.
Le prix à payer pour gagner en qualité demande en effet une épuration
telle que seuls ceux qui entrent dans une véritable ascèse, une sadhana,
peuvent le faire. Vivre l'amour, vénus, sans le projeter sur un objet, c'est
difficile, mais c'est pourtant cela l'amour authentique, l'amour indistinct et
inconditionnel. Pareil pour Mercure, pour pouvoir tout comprendre, il est à
détacher de la lune et de Saturne, et même de l'image de soi (solaire) qui le
manipule, et là, on peut voir sans juger, comprendre l'assassin, le terroriste,
car on a tout en mains, un panorama exhaustif de la nature et de la terre, et
de l'Histoire, alors la légitimité du scandale éclate au grand jour. Certains
en ont assez, ils sont au bout du rouleau, ils posent des bombes, c'est facile
à comprendre, très facile, cela ne veut pas dire qu'on approuve, et même,
personnellement je pourrais essayer de déjouer un attentat si j'étais au
courant qu'il va se produire, mais ce n'est pas pour autant que je ne
comprendrais pas les motifs des terroristes. Alors si l'on souhaite une grande
intelligence, il faut désamalgamer les pouvoirs planétaires, extraire
mercure de lune et saturne, alors il n'y a ni plaintes ni jugements, les choses
sont ce qu'elles sont. On y remédie ou non, mais l'indignation et sa cohorte de
réactions de bonne conscience inutile sont terrassées.
Même ce travail-là, libérer l'intelligence, du jugement d'un côté et de
l'émotion de l'autre, peu le font. Bien sûr, on peut extrapoler et retrouver
des grandes lignes qui ont déjà été mentionnées, mais la question, c'est :
puis-je le faire, est-ce que je le souhaite vraiment ? Naturellement, en
délayant un maximum, en perdant de vue certaines choses, on peut dire que le
schéma ça/moi/surmoi correspond dans certaines lignes, à lune (+mars) /
Mercure/ saturne. On voit bien le problème de la double mutilation du réel, par
la résistance animale d'un côté, la loi obscure de la nature, les instincts et
tout le bataclan des défenses génériques, et par la prétention mentale de
l'autre, je me débarrasse du problème par l'abstraction, ah mais, je pense moi,
et je juge, condamne, culpabilise etc. Que ce soit vers un bas qui engloutit,
ou vers un haut factice, peu importe, l'intelligence est en général limitée des
deux côtés, la réaction émotionnelle d'un côté, le jugement de valeur de
l'autre. Le supramental ne veut plus de cela. Donc, votre boulot sur votre
thème est immense. Cesser de racornir le réel avec vos préférences (vénus et
soleil) avec vos craintes (saturne), avec vos représentations (ce mélange
absurde de pensées motrices profondes où la vanité solaire, l'habitude lunaire,
et l'autorité abstraite saturnienne, se fondent dans des cristallisations
pompeusement appelées valeurs).
« Moi, monsieur, je crois en Dieu ». Comme si le fait d'y
croire allait Le faire exister. « Moi, monsieur, je ne crois pas en
Dieu » comme si le fait de ne pas y croire allait L'assassiner. C'est
vraiment lamentable, heureusement le supramental donne la force, la largeur
d'accepter l'humanité, sinon ce serait intolérable. Et quand ça le devient, il
y a une intervention supérieure. Une fois que je revenais d'une partie de
chasse sous-marine, en pleine forme, vers sainte Maxime, j'ai vu un vagabond
marcher en zigzaguant au risque de se faire écraser, il était sale, il avait
bu, la cinquantaine peut-être, et je lui en ai voulu une seconde, puis une voix
terriblement autoritaire a surgi en moi, Krishna sans doute, et j'ai vraiment
entendu, alors que je passais à côté de lui, «cet homme, c'est
moi ». C'est une des expériences les plus fortes de ma vie, je ne
demandais rien à personne, je planais après mes trois heures d'apnée, content
sans doute de ramener quelques rougets, et Dieu lui-même choisit le dernier des
derniers pour me dire : « c'est moi ». Alors comme je réfléchis
un max, je me suis posé la question, pourquoi a-t-il choisi cet homme-là pour
réclamer qu'Il était (déjà) lui ? J'aurais préféré qu'il m'apostrophe
ainsi, et me désigne, par exemple, la femme que j'aimais à l'époque, et qu'il
me dise, « elle, c'est moi, no problem ». Mais ce n'est pas ce qui
s'est passé du tout. C'est cette survivance passagère d'un mépris, d'un dégoût
(j'avais eu le temps de penser aux problèmes du conducteur moyen si ce type se
jetait sous ses roues !), d'un jugement, qui était allé heurter de front
toute mon expérience en yoga, et j'avais été en quelque sorte réprimandé, et
remis à ma place de petit évoluteur. Dieu m'avait tapé sur les doigts, cela
veut dire bien sûr que tout le réel est légitime, même s'il doit entièrement se
transformer, il n'y a pas de fumée sans feu, la nature est exténuée par sa
lutte évolutive, il y a de la méchanceté, de l'égoïsme à foison, mais derrière
tout ça, la Conscience peut tout transformer. Alors, aspirez à transformer
votre thème natal, à libérer Mercure des influences, à laisser le soleil
poindre, à nettoyer Saturne, à accepter les ralebol uraniens, les vagualam
neptuniens, les plaisanteries de Pluton quand on veut tout casser ou
mourir, tout ça c'est le jeu de l'évolution, et elle ne vous a pas ratée, sinon
Natarajan, vous ne sauriez même pas qu'il existe.
Le Moi exhaustif
Le soleil c'est simplement une force d'opposition à ce qui est
événementiel par l'aspiration à se dégager de tout ce qui est événementiel,
d'abord en le vivant dans sa maison d'une manière correcte et sans angle mort.
Le problème du soleil dans sa maison, c'est que l'angle mort ne pardonne pas,
c'est-à-dire que ce qui est symbolique de la maison doit mener à une vision
exhaustive de cette maison, parce que le soleil c'est exhaustif, c'est le
centre. Donc, le soleil demande une exploration totale du secteur où il se
trouve, c'est une maison d'une très grande exigence. Mais on ne l'a jamais dit
parce qu'on définit trop peu ce qu'il est, au contraire de mars ou vénus par
exemple, qui sont des fonctions intérieures précises.
La fonction du soleil qui s'oppose à l'événementiel dégage une
aspiration à l'Être, à devenir insécable. Un individu qui est solarisé est
insécable, on ne peut pas le découper en morceaux, en fonctions, en
imaginaire/réel, en irrationnel/rationnel, etc. Tant que l'on n'a pas harmonisé
tous les éléments du thème, par soi-même, on peut être fragmenté, tiraillé
entre les tendances vers le moi et les tendances vers le non-moi, avec conflits
entre les deux, ou conflits vis-à-vis de l'événementiel.
C'est normal qu'on vive des conflits en permanence, si l'on prend ce
terme au sens large, c'est-à-dire d'être soumis à des événements qui semblent
d'abord hétérogènes... Parce qu'il y a des frictions permanentes entre le moi et
le monde extérieur. C'est complètement illusoire de vouloir supprimer toutes
les frictions avec le monde extérieur, ce sont les faux gourous qui parlent de
la sérénité totale, où plus rien n'atteint personne. On ne peut pas éliminer la
friction avec le monde extérieur, c'est le système même de l'évolution, c'est
d'être ouvert sur le monde, mais on peut transformer la façon d'être touché par
les choses, au lieu de faire comme si elles n'existaient pas, ce qu'enseignent
quelques faux maîtres du Soi.
C'est dans la maison du soleil que l'on devrait pouvoir transgresser le
plus facilement le poids des événements, en ayant la force de les affronter.
C'est certain que, si on réagit de manière lunaire dans la maison du soleil, on
est fichu jusqu'à la fin de sa vie, on ne s'en sort pas. Si on dispose d'une
sensibilité lunaire dans le cadre de la maison solaire, la psychothérapie est
éternelle...
La conjonction, une énigme personnelle à résoudre.
En fin de compte, la conjonction est une figure astrologique qui rend
complémentaire deux forces, et c'est par la force du schéma astral que deux
fonctions sont rendues complémentaires, c'est désastreux les conjonctions
saturne/neptune (1953-54) parce que Saturne et Neptune se combattent
perpétuellement, donc la conjonction impose la complémentarité de deux corps
qui normalement ne sont pas foncièrement complémentaires. Quand ils le sont,
comme pour le soleil et la lune qui sont conjoints, ils sont confondus,
c'est-à-dire la sensibilité, la sensiblerie peuvent totalement se répercuter
sur l'idéal du moi. La sensibilité lunaire peut complètement contaminer l'image
solaire par exemple. Cela peut être la marque d'une très grande vulnérabilité,
on dit aussi très grande subjectivité, et on trouve cela en extrapolant chez
pas mal d'hommes qui ont le soleil en cancer, comme si la lune leur collait aux
basques.
Donc, si deux planètes qui sont rendues complémentaires, de force, par
une conjonction, se trouvent dans un thème, la personne confond les deux
fonctions. Conjonction mars/vénus, il faut voir comment se mélangent le désir
sexuel et la relation affective, ce qu'elle entraîne... Voir la confusion entre
le désir et l'amour. Est-ce qu'à un moment il faut réunir un grand nombre de
conditions pour plaire à quelqu'un qui a cette conjonction ? On peut, ici,
abolir la distance avec l'autre rapidement et la rétablir tout aussi
rapidement. Mars sur Vénus, ça prend, et puis ça peut rejeter et l'ensemble
peut être confondu avec l'affectivité pure... Mais le sentiment dépendra toujours
de ce premier entraînement que Mars va lui donner, avec un risque permanent de
masquer le désir avec un mouvement vénusien, ce qui fait que l'amour peut ne
dépendre que la sexualité, ou inversement selon les signes. Normalement, il y a
un travail de différenciation à faire avec toutes les conjonctions où les
termes de la polarité qui se correspondent d'une manière générique sont là,
puisqu'au départ ce sera confondu dans les identifications créées par le
mélange des deux forces.
Entre mars et vénus par exemple, entre soleil et lune aussi, et là
c'est vraiment difficile, le moi doit apprendre à se distinguer entièrement des
événements, à ne plus se prendre pour ses identifications, c'est beaucoup plus
facile en phase balsamique qu'avec une nouvelle lune, où le moi se projette
complètement sur le non-moi, en mettant très longtemps à découvrir le regard
objectif. Avec Vénus, il y a un grand respect de l'autre, mais avec Mars
conjoint, il y a une grande utilisation, à moins que Vénus soit maîtresse de
Mars, et encore la séduction passive peut constituer une force de manipulation.
Avec les conjonctions où les signifiants se correspondent en opposition, comme
Jupiter et Saturne, c'est pareil, beaucoup de gens sont obsédés par le
développement de ce qu'ils font dans la réalité objective, ils sont très
ouverts (Jupiter), mais aussi très structurés, avec parfois des conflits entre
la préservation personnelle et l'ouverture inconditionnelle. La conjonction
Saturne Lune est aussi difficile et sclérosante... Les conjonctions demandent donc
un travail considérable, et que le soleil soit joint à une autre planète ne
signifie rien en soi. Cela veut simplement dire que l'identification à la planète
en question est très naturelle, mais cela n'implique pas que le soleil va
consciemment utiliser l'énergie de la fonction psychologique qui lui est
associée. Il peut en abuser sans en découvrir le potentiel supérieur.
Bref, je n'ai pas tout dit, il manque des choses, le but est seulement
de vous permettre d'aller voir votre thème, et de le respecter dans l'amour.
Les peurs fuiront à toutes jambes, le soleil vous attend, ça tombe bien, il
vous manque.
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